Réunion du printemps 2023
Après plus de deux ans d’existence, le réseau CoVaRR a tenu sa première réunion en personne du 16 au 18 mai 2023 à Ottawa. Elle a réuni environ 120 participants, la plupart faisant partie du réseau CoVaRR-Net, mais aussi quelques invités.
Les objectifs de la réunion étaient de fournir une vue d’ensemble des réalisations passées et des enseignements tirés, mais surtout de se tourner vers l’avenir.
En tant que réseau pancanadien établi de chercheurs issus de nombreux domaines d’expertise, le réseau CoVaRR-Net est particulièrement bien placé pour se transformer en un réseau universitaire pour la préparation et la prévention en matière de pandémies. La réunion a donc également cherché à échanger sur ce à quoi ressemblerait un réseau optimal de préparation aux pandémies, sur ce que le gouvernement et d’autres organisations trouveraient utile, et à explorer les options dont nous disposerions pour réussir cette transformation.
Des tables rondes et des discours prononcés par des personnalités de premier plan ont permis aux membres de notre réseau d’obtenir des informations et des commentaires importants sur des questions liées à la santé publique et à la recherche, ainsi que sur les plans gouvernementaux de préparation aux pandémies au Canada.
Au cours de la matinée du deuxième jour, consacrée aux séances sur l’équité, la diversité, l’inclusion (ÉDI) et l’identité autochtone, il est apparu clairement que la communauté des chercheurs a encore beaucoup à apprendre, que le réseau CoVaRR-Net est un chef de file à cet égard et que nous pouvons faire davantage pour promouvoir l’EDI et l’identité autochtone dans la recherche au Canada et dans le monde entier.
Enfin, la réunion s’est révélée une excellente occasion de réseautage, car de nombreux experts et stagiaires se rencontraient en personne pour la première fois. Il a permis à nos membres d’étendre leurs collaborations et de consolider de nouvelles relations scientifiques, tout en créant les bases du premier réseau universitaire canadien pour la préparation et la prévention en matière de pandémies.
Vidéos
Accueil territorial algonquin, discours d’ouverture et présentations éclairs
La Réunion du printemps 2023 du réseau CoVaRR-Net a été officiellement ouverte par Mme Wendy Jocko, chef élue des Algonquins de la Première Nation de Pikwàkanagàn pendant la pandémie, qui a offert un mot de bienvenue autochtone algonquin.
Le directeur général du réseau CoVaRR-Net, le Pr Marc-André Langlois, a ensuite prononcé son discours d’ouverture. Il a raconté l’histoire de la création du réseau CoVaRR-Net au début de l’année 2021. Trois scientifiques, aidés par un expert en rédaction de propositions de financement, ont présenté aux IRSC leur vision d’une petite structure de gouvernance souple pour un réseau de recherche multidisciplinaire de réponse rapide composé de scientifiques canadiens. Ils recruteraient des responsables et des adjoints de piliers qui seraient des chefs de file incontestés dans leur domaine. La soumission a été présentée dans un contexte d’urgence extrême, mais ils ont remporté le concours et le réseau CoVaRR-Net a vu le jour.
Le réseau compte désormais 125 chercheurs et 225 stagiaires répartis dans 28 institutions canadiennes, qui se concentrent sur des projets visant à combler des lacunes importantes en matière de recherche. Le réseau CoVaRR-Net a également créé des structures et des outils pour faciliter et accélérer la recherche, tels que la Biobanque, la Plateforme de données, l’Accord universel de transfert de données et de matériel biologique, les initiatives majeures Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs (CAMEO) et Mobilisation, développement et recherche autochtones (CIEDAR), le Consortium canadien des laboratoires universitaires de biosécurité de niveau 3 (CCABL3) et le Groupe de recherche sur la surveillance des eaux usées (WWSRG). Le Pr Langlois a ajouté que tous les dirigeants du réseau intégreraient les principes de propriété, de contrôle, d’accès et de possession, également connus sous le nom de PCAP, dans leurs propres programmes de recherche faisant appel à des échantillons et à des communautés autochtones.
Lors des présentations éclairs, chacune des dix équipes des piliers et des initiatives majeures du réseau CoVaRR-Net a résumé plus de deux ans de travail et de recherche en moins de quatre minutes. Ils ont également exprimé leur vision d’un réseau national de préparation aux pandémies.
Panel d’experts : Lessons learned/looking forward/what is expected from academics? (Enseignements tirés/perspectives d’avenir/qu’attend-on des universitaires?)
Modératrice : Kelly Grant (journaliste nationale en santé, Globe & Mail)
Membres du panel : Heather Jeffrey (présidente, Agence de la santé publique du Canada), Stephen Lucas, Ph. D. (sous-ministre, Santé Canada), Dr Timothy Evans (directeur administratif, Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19), et Koko Bate Agborsangaya (directrice, Programmes stratégiques, Génome Canada)
Kelly Grant, journaliste nationale en santé du Globe and Mail, a animé une discussion avec ces décideurs clés sur la manière dont l’entreprise de recherche canadienne s’est comportée pendant la pandémie. On leur a posé des questions sur ce qui a bien fonctionné, sur ce qui n’a pas fonctionné, sur les prochaines étapes et sur la manière dont les participants à la réunion pourraient aider le pays à se préparer à faire face au prochain agent pathogène dangereux.
Stephen Lucas a expliqué comment la mobilisation rapide des chercheurs a permis d’apporter une réponse souple, mais il a reconnu que cela demeure un défi de relier des ensembles de données provenant de partout au pays. Koko Bate Agborsangaya a parlé de la réussite de Génome Canada à réunir des chercheurs pour effectuer le séquençage du virus et de l’hôte au fur et à mesure de l’évolution du SRAS-CoV-2 et à partager ces informations pour aider à soutenir les décisions de santé publique concernant les mesures de protection et le déploiement des vaccins. Heather Jeffrey a parlé de l’occasion unique qui s’offre au Canada au cours de l’année à venir d’utiliser notre expérience et notre expertise collectives en matière de recherche pour mobiliser les connaissances et jeter un pont entre les sciences. Et ce, à un moment où les gouvernements devront prendre des décisions sur la manière dont les ressources seront investies à l’avenir. Tim Evans a expliqué que le GTIC a été créé en raison du manque de moyens, à l’époque, pour surveiller l’immunité dans l’ensemble du Canada. Il a cité deux autres grands défis : notre dépendance à l’égard d’outils archaïques du XXe siècle pour gérer les informations relatives à la santé publique et l’absence d’une culture institutionnelle de l’urgence en matière de recherche.
Introduction to Positionality and Health Equity 101 (Introduction à la positionnalité et à l’équité en matière de santé 101)
Intervenants : Pre Kimberly Huyser (responsable du pilier 7/CIEDAR), Claire Betker, Ph. D. (directrice adjointe du réseau CoVaRR-Net pour l’équité, la diversité, l’inclusion et l’identité autochtone [EDIIA])
Kimberly Huyser a présenté aux participants le concept de positionnalité : quelles sont les expériences de vie que nous avons vécues et qui ont façonné notre identité. Elle a souligné l’importance du dialogue et des histoires au sein des communautés autochtones. Elle a dirigé les participants au congrès dans un exercice intitulé « Dessiner sa rivière de vie ».
Claire Betker a expliqué que l’équité en matière de santé allait bien au-delà d’un accès équitable aux services et aux soins de santé. Elle a offert une définition ambitieuse de l’équité en matière de santé selon laquelle tous les individus auraient un accès équitable aux possibilités d’atteindre leur plein potentiel de santé, sans être désavantagés par des facteurs sociaux, économiques ou environnementaux, et pourraient agir en conséquence. Elle a expliqué les différences entre l’inégalité, l’égalité, l’équité et la justice, ainsi que la manière dont le Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé met les données probantes à la disposition des personnes qui travaillent dans le domaine de la santé publique.
The Basics of OCAP Principles (Les principes de base des principes PCAP)
Intervenants : Pr Ninan Abraham (Directeur de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’identité autochtone (EDIIA) du réseau CoVaRR-Net)
Ninan Abraham a expliqué les principes de base de PCAP (propriété, contrôle, accès et possession) et d’EDIIA (équité, diversité, inclusion et identité autochtone). Il a expliqué comment ces principes devraient être inclus dans tout ce qui concerne les chercheurs, les stagiaires et les patients, à la lumière des approches coloniales et préjudiciables du passé. Il a expliqué que la demande de subvention initiale du réseau CoVaRR-Net auprès des IRSC indiquait que des principes similaires à ceux de PCAP seraient mis en place pour définir la manière dont les chercheurs en santé s’engagent auprès des communautés sous-représentées, y compris les communautés autochtones et noires. Ces principes ont également été inscrits dans l’accord universel de transfert de données et de matériel biologique (Universal Data and Biological Materials Transfer Agreement, UDBMTA) du réseau.
Simulated Community Health Review Board activity (Activité de simulation du comité d’examen des services de santé communautaire)
Dirigé par Pre Kimberly Huyser (responsable du Pilier 7/CIEDAR)
L’un des segments les plus populaires de la réunion du printemps 2023 a été un sketch simulant une interaction entre une équipe de recherche non autochtone et un comité d’examen de la communauté autochtone. Claire Betker, directrice associée ÉDIIA, Traci Christianson, assistante universitaire diplômée de CIEDAR, et Ninan Abraham, directeur de l’ÉDIIA, jouaient le rôle de scientifiques souhaitant mener des recherches dans la communauté autochtone en question. Dans le sketch présenté le deuxième jour, Kimberly Huyser, Maria Santos, gestionnaire principale des initiatives en matière de données de santé publique et du Centre de données des Premières Nations au Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, et Michelle Zinck, gestionnaire de l’ÉDIIA du réseau CoVaRR-Net, jouaient les rôles des membres du comité d’examen de la communauté autochtone.
Ce sketch divertissant et éducatif montrait des erreurs courantes commises par les chercheurs en santé lorsqu’ils présentent des applications de recherche aux communautés autochtones. Il a permis de comprendre pourquoi les chercheurs doivent établir des relations avec les différentes communautés avant de commencer un projet et prendre le temps d’établir des collaborations de recherche efficaces. La simulation a également donné des indications sur la meilleure façon d’établir des collaborations de recherche fructueuses avec les communautés autochtones.
Séance en petits groupes No 1- Question : Data and Reagent Sharing (Partage des données et des réactifs)
Modératrices : Pre Kimberly Huyser (responsable du pilier 7/CIEDAR), Nikita Rayne (responsable de la Biobanque) et Erin Gill, Ph. D. (coordinatrice de CAMEO)
Membres du panel : Pre Angela Crawley (directrice de la Biobanque), Pre Amy Hsu (directrice de la Plateforme de données), Pr Ninan Abraham (directeur de l’EDIIA), Carol Bennett (coordinatrice du Groupe de recherche sur la surveillance des eaux usées), Pre Sarah (Sally) Otto (coresponsable de CAMEO)
Angela Crawley a présenté les réalisations de la Biobanque CoVaRR-Net lorsqu’il a fallu éliminer les obstacles à l’échange en temps utile de matériel et de données au sein du réseau CoVaRR-Net et au-delà, et a discuté des principaux défis que la Biobanque est bien placée pour relever. Amy Hsu a parlé du rôle de la Plateforme de données CoVaRR-Net et du modèle fédéré du catalogue de l’Alliance canadienne des biobanques et données sur la COVID-19 du réseau CoVaRR-Net. Kimberly Huyser a parlé de la souveraineté des données autochtones et du partage des données, ainsi que de la manière de travailler avec les peuples autochtones et les données biologiques. Carol Bennett a présenté l’élaboration et les avantages du modèle de données ouvertes et de surveillance de la santé publique et de l’environnement du réseau CoVaRR-Net, qui a été élargi pour inclure des analyses de surfaces et d’air, en plus des données sur les eaux usées. Sally Otto a parlé des réalisations du Canada en matière de déploiement d’énormes plateformes de données qui nous ont permis d’obtenir un niveau de détail sans précédent sur la propagation du SRAS-CoV-2 au Canada. Elle a souligné le rôle important que le réseau CoVaRR-Net peut jouer en reliant des ensembles de données cloisonnés, ce qui permet de les utiliser aux meilleures fins de santé.
Discours principal : COVID-19 Where are we? How did we do? What can we do better? (C0VID-19 : Où en sommes-nous? Comment nous en sommes-nous sortis? Que pouvons-nous faire de mieux?)
Intervenants : Dre Allison McGeer (médecin spécialiste des maladies infectieuses, Sinai Health System, Université de Toronto)
Allison McGeer a parlé des succès de la gestion de la pandémie, tels que la surveillance des eaux usées, le déploiement des vaccins, les registres de vaccins, la surveillance de l’innocuité des vaccins et les données de séroprévalence. Elle a toutefois indiqué que le Canada n’avait pas obtenu de bons résultats en ce qui concerne les fermetures d’écoles et la protection des populations marginalisées et à faible revenu, ainsi que des résidents d’établissements de soins de longue durée, contre la mort et l’hospitalisation. Elle a ajouté que la COVID-19 mettait en évidence les inégalités en matière de santé dans ce pays et que les chercheurs en santé canadiens devaient trouver des solutions pour parvenir à une plus grande équité en matière de santé.
COVID-19 and science as first responder: Where do we go from here? (COVID-19 et la science comme première intervenante : Que faisons-nous maintenant ?)
Intervenants : Sarah Viehbeck, Ph. D. (conseillère scientifique en chef, Agence de santé publique du Canada)
Sarah Viehbeck a parlé du lien entre la science intra et extra-muros, de la manière dont l’Agence de santé publique du Canada s’est développée pour devenir plus innovante, de ce que cela signifie pour l’avenir en termes de collaboration entre le gouvernement et les scientifiques extra-muros, et de la manière dont la pandémie a accéléré les changements dans les façons de faire dans le domaine scientifique.
Elle a expliqué que la science n’est pas seulement un premier intervenant, mais qu’elle est aussi la clé de tout système de santé d’urgence crédible et fondé sur des données probantes, de la prévention à la préparation, en passant par la lutte et la relance. Elle a expliqué qu’au cours de la pandémie, l’accent a été progressivement mis non plus sur la capacité biomédicale, mais sur les sciences sociales et comportementales, ce qui a permis d’apporter des contributions plus significatives en ce qui concerne les effets sur la santé sociale et mentale, les effets économiques et la mise en œuvre de la science.
Débat d’experts 2 : Santé publique
Modératrice : Dre Allison McGeer (Sinai Health System, Université de Toronto)
Membres du panel : Pre Marisa Creatore (IRSC, directrice administrative du Centre pour la recherche sur la préparation en cas de pandémie et d’urgence sanitaire, Dre Vera Etches (médecin hygiéniste, Santé publique Ottawa), Dr Guillaume Poliquin (vice-président du Laboratoire national de microbiologie de l’Agence de santé publique du Canada), et Dre Susan Tamblyn (consultante en santé publique, ancienne médecin hygiéniste de l’unité de santé du district de Perth et professeur clinicienne à l’Université Western)
Allison McGeer a animé cette discussion entre quatre grands experts canadiens de la santé publique qui ont parlé du rôle de leur organisation et des enseignements tirés. Ils ont discuté de leurs expériences en matière de planification, de préparation, de lutte et de relance efficaces en cas de pandémie, et de l’interaction entre la santé publique et la science, y compris le soutien de première ligne aux populations dans les communautés.
Susan Tamblyn a souligné que les responsables de la santé publique ne disposaient toujours pas de données scientifiques actualisées leur permettant de prendre des décisions fondées sur la science. Elle a ajouté que l’idéal, lors de la prochaine pandémie, serait de disposer à temps de solides données probantes scientifiques pour guider la réponse de la santé publique. Marisa Creatore a expliqué comment le nouveau Centre pour la recherche sur la préparation en cas de pandémie et d’urgence sanitaire des IRSC affectera des fonds pour aider à soutenir un écosystème de recherche prêt à intervenir en cas d’urgence grâce à des investissements ciblés dans l’infrastructure. Guillaume Poliquin a parlé de la préparation aux pandémies comme d’un contrat social : nous demandons aux citoyens d’allouer des ressources que les gouvernements et les chercheurs utilisent pour se préparer à quelque chose qui ne viendra peut-être jamais. La proposition de valeur est donc un défi, a-t-il ajouté. Vera Etches a parlé de son expérience en première ligne, à la tête d’une organisation de santé publique. Elle a expliqué les défis posés par le cycle de préparation, de lutte et de relance, l’évaluation et la communication étant nécessaires tout au long du processus.