Pilier 4
Génomique fonctionnelle et structure-fonction des variants préoccupants
Les maladies inflammatoires à médiation immunitaire (MIMI) telles que l’arthrite, les maladies inflammatoires de l’intestin et les maladies inflammatoires graves de la peau comme le psoriasis et l’hidradenitis suppurativa sont souvent traitées par des médicaments systémiques ou biologiques qui peuvent réduire l’inflammation. Des questions ont été soulevées quant au fait que ces traitements pourraient diminuer la réponse immunitaire aux vaccins de protection contre le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19.
Pour déterminer si c’est le cas, des scientifiques de l’Université de Toronto, du University Health Network, du Sinai Health et du Women’s College Hospital de Toronto ont suivi un groupe de 150 personnes, dont 26 sujets témoins en bonne santé et 124 patients atteints de MIMI, qui n’étaient pas traités ou suivaient un traitement avec l’un des différents médicaments modulateurs du système immunitaire. Des échantillons de sang ont été prélevés avant la première dose de vaccin à ARNm ainsi qu’après la première et la deuxième dose de vaccin et trois mois après la deuxième dose. Le sang a été utilisé pour isoler le plasma afin de mesurer les anticorps et les cellules afin d’analyser les lymphocytes T. Les lymphocytes T sont un type de globules blancs qui jouent un rôle important dans l’élimination d’une infection virale, en particulier si une partie du virus réussi à déjouer notre défense composée d’anticorps. Les lymphocytes T aident également les lymphocytes B à produire des anticorps plus puissants et plus nombreux. L’étude a analysé la capacité des lymphocytes T à être activés lorsqu’ils étaient exposés à des fragments de spicule ainsi que la quantité d’anticorps dans les échantillons qui pouvaient se lier à la protéine S du SRAS-CoV-2.
L’étude a également mesuré la capacité de ces anticorps à « neutraliser » le virus. Pour ce faire, les scientifiques ont utilisé un virus synthétique contenant la protéine S du SRAS-CoV-2 et ils ont mesuré si les anticorps des sujets de l’étude pouvaient empêcher le virus de pénétrer dans les cellules. L’étude a montré qu’il y avait une augmentation des réponses des anticorps et des lymphocytes T dans tous les groupes de sujets de l’étude après une ou deux doses d’un vaccin à ARNm. En général, les réponses des anticorps et des lymphocytes T étaient plus faibles chez les patients atteints de MIMI après une dose de vaccin, mais la deuxième dose a permis à la réponse de la plupart des patients du groupe MIMI de rejoindre celle des sujets témoins en bonne santé. Cependant, les réponses des anticorps et des cellules T des patients atteints de MIMI ont diminué plus rapidement trois mois après la seconde dose par rapport aux sujets témoins en bonne santé. Il convient de noter que les patients traités par des agents anti-TNF, tels que l’infliximab, l’adalimumab ou l’étanercept, présentaient des réponses d’anticorps inférieures à celles des sujets témoins en bonne santé, même après deux doses de vaccin, et que leurs anticorps étaient moins efficaces pour bloquer l’entrée du virus dans les cellules.
Il est important de noter que l’étude a démontré que les anticorps prélevés chez les patients traités par anti-TNF trois mois après la deuxième dose de vaccin n’avaient pas la capacité de bloquer le variant Omicron. L’étude a également montré que les participants ayant reçu deux doses du vaccin Moderna ou une dose mixte (Pfizer/Moderna ou Moderna/Pfizer) présentaient des réponses en lymphocytes T et en anticorps plus élevées que ceux ayant reçu deux doses du vaccin Pfizer. Les résultats rapportés dans cette étude suggèrent qu’une troisième dose de vaccin est très importante chez les patients atteints de MIMI. Les résultats suggèrent également que le vaccin Moderna à dose plus élevée pourrait être préférable pour les personnes immunodéprimées. D’autres travaux sont en cours pour étudier l’effet des troisième et quatrième doses chez ces patients et pour déterminer la durée de ces réponses. Cette étude a été financée par Juan et Stefania Speck, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 et le réseau COVARR-Net.