Marc-André Langlois

Marc-André Langlois

Directeur général, CoVaRR-Net
Professeur, Université d’Ottawa
Ancien titulaire de la chaire de recherche du Canada en virologie moléculaire et immunité intrinsèque

Jennifer Gommerman

Jen Gommerman

Co-responsable du pilier Immunologie et protection vaccinale, CoVaRR-Net
Professeure, Université de Toronto
Titulaire de la chaire de recherche du Canada en immunité propre aux tissus

Mark Brockman

Mark Brockman

Adjoint du pilier Immunologie et protection vaccinale, CoVaRR-Net
Professeur, Université Simon Fraser

Une dose de rappel de vaccin intranasal, c’est-à-dire une inoculation administrée par vaporisation dans le nez, s’avère prometteuse comme protection supplémentaire contre le SRAS-CoV-2 et pourrait devenir une partie intégrante de la réponse vaccinale contre la COVID-19. Les chercheurs étudient comment la création d’anticorps supplémentaires dans les voies respiratoires supérieures à l’aide de ces vaporisations pourrait offrir une réponse à ce que certains considèrent comme une série quasi infinie de doses de rappel. De plus, les doses de rappel de vaccin intranasal sont mises au point pour combattre plusieurs variants. Maintenant que certains des produits font l’objet d’essais cliniques, nous devrons nous demander si une vaporisation dans le nez ne deviendra pas bientôt aussi importante qu’une injection dans le bras.

Quelques-uns de nos experts du réseau CoVaRR-Net effectuent des recherches ici, au Canada, pour mettre au point ces doses de rappel, qui pourraient – avec de l’espoir et, surtout, de la science – aider les gens du monde entier. Voici une partie de ce qu’ils savent jusqu’à présent.

Les vaccins nasaux neutralisent le virus à la source d’entrée

Une dose de rappel de vaccin vaporisé dans les narines cible le coronavirus là où il entre : la paroi des voies respiratoires. Les vaccins administrés par vaporisation nasale créent des anticorps (IgA) qui demeurent dans les surfaces muqueuses du nez et de la gorge. « Les doses de rappel de vaccins vaporisés dans le nez pourraient constituer le meilleur moyen de prévenir les infections à long terme, car elles protègent notre organisme là où nous avons besoin de repousser le virus, c’est-à-dire dans les muqueuses des voies respiratoires, où le SRAS-CoV-2 se pose en premier lieu », explique la Pre Jennifer Gommerman, co-responsable du pilier Immunologie et protection vaccinale du réseau CoVaRR-Net, professeure à l’Université de Toronto et titulaire de la chaire de recherche du Canada en immunité propre aux tissus.

« Ce qui est différent de ces doses de rappel, c’est qu’elles sont extrêmement neutralisantes au point d’entrée », explique Marc-André Langlois, directeur général du réseau CoVaRR-Net, professeur à l’Université d’Ottawa et ancien titulaire de la chaire de recherche du Canada en virologie moléculaire et immunité intrinsèque.

Un vaccin injecté de manière traditionnelle, avec une aiguille dans le muscle, induit des anticorps et des lymphocytes protecteurs principalement dans le sang. « Pour les vaccins actuels contre la COVID-19, cela signifie que les poumons, les bronches et le cœur sont davantage protégés que les voies respiratoires supérieures, alors que les doses de rappel de vaccin nasal offrent une protection dans toutes les zones, et plus particulièrement dans le nez, la bouche et la gorge, qui sont les points d’entrée où ce virus se fixe en premier », ajoute le Pr Langlois.

Les doses de rappel administrées par voie nasale sont une réponse au besoin croissant de protection immunitaire supplémentaire

En réduisant les infections au point d’entrée, l’inoculation intranasale peut réduire le besoin de doses de rappel ultérieures. Ces types de doses de rappel par voie nasale représentent « le seul moyen d’éviter réellement la transmission de personne à personne », a récemment déclaré la Pre Gommerman au New York Times. « Nous ne pouvons pas vivre éternellement en protégeant les personnes vulnérables et en leur administrant des doses de rappel pour que leur taux d’anticorps reste artificiellement élevé », ajoute-t-elle.

Certaines doses de rappel de vaccins intranasaux en cours de développement peuvent s’attaquer à plusieurs variants

Une douzaine de doses de rappel de vaccins intranasaux sont en cours de développement, dont certains font l’objet d’essais de phase 3. Beaucoup d’entre elles sont conçues comme des approches multivalentes de la vaccination, ce qui signifie qu’elles offrent une protection étendue contre de multiples variants en fournissant un plus grand éventail d’épitopes, ou cibles, parmi différentes protéines virales qui peuvent être reconnues par le système immunitaire. « Les doses de rappel de vaccins multivalents pourraient être efficaces contre les variants émergents du SRAS-CoV-2 et peut-être même contre de nouvelles souches du virus », explique le Pr Langlois. « En entraînant le système immunitaire à reconnaître différentes parties du virus, et pas seulement la protéine du spicule, il devient beaucoup plus difficile pour le virus d’échapper à la détection et à l’élimination. »

La meilleure utilisation de ces vaccins serait comme protection complémentaire

Les chercheurs semblent s’accorder sur le fait que les doses de rappel de vaccins administrées par voie nasale sont plus efficaces en tant que mesure préventive, conjointement aux vaccins intramusculaires. Elles ne remplaceront probablement pas les vaccins traditionnels, mais offriront des avantages et une protection supplémentaires, et elles tireront parti de l’immunité existante créée par les vaccins traditionnels. « Il ne s’agit pas d’approches alternatives à la vaccination; elles sont complémentaires », déclare le PMark Brockman, adjoint au pilier Immunologie et protection vaccinale du réseau CoVaRR-Net et professeur à l’Université Simon Fraser. « Les vaccins actuels sont excellents pour prévenir les maladies graves et il faut continuer à les déployer. Cependant, les doses de rappel de vaccins intranasaux pourraient être plus aptes à bloquer l’infection et la transmission des variants préoccupants également, ce que les vaccins intramusculaires n’ont pas été conçus pour faire. »

Les doses de rappel de vaccins nasaux sont indolores et plus faciles à administrer

Personne n’aime les aiguilles, surtout pas les enfants. Les injections nécessitent également l’intervention d’un professionnel de la santé pour les administrer. Cependant, les vaccins intranasaux pourraient être plus faciles à administrer en masse que les doses de rappel, d’autant plus qu’ils pourraient être administrés rapidement et qu’ils réduiraient le besoin d’aiguilles et de seringues.

Encore du chemin à parcourir

Il reste encore du travail à faire avant que les vaccins nasaux ne soient utilisés comme protection complémentaire aux vaccins ordinaires, en raison de la complexité du processus de développement. « Il est beaucoup plus difficile de mesurer les anticorps dans le mucus du nez et de la bouche que de quantifier les anticorps dans le sang », explique la Pre Gommerman. « Le nombre d’anticorps de la muqueuse est souvent faible. »

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