Pilier 4
Génomique fonctionnelle et structure-fonction des variants préoccupants
Des anticorps neutralisants sont produits comme réponse immunitaire à la vaccination ou à l’infection. Le terme « neutralisant » fait référence à la capacité de certains anticorps à empêcher un agent pathogène d’infecter ou de pénétrer dans les cellules de l’hôte. Cette activité neutralisante dépend de la capacité de ces anticorps à reconnaître les protéines appartenant à l’agent pathogène. L’immunisation par des vaccins codant pour la protéine de spicule du coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2) est conçue pour apprendre à notre système immunitaire à produire des anticorps qui reconnaissent le spicule du SRAS-CoV-2 et bloquent l’infection. Cependant, des variants préoccupants (VP) du SRAS-CoV-2 sont apparus avec des mutations qui réduisent la capacité des anticorps à reconnaître et à neutraliser le spicule du SRAS-CoV-2 et à prévenir l’infection.
La première dose de vaccin a été administrée au Canada le 14 décembre 2021 et, à la fin du mois de mars 2021, très peu de Canadiens avaient reçu une deuxième dose de vaccin. À l’époque, on estimait que jusqu’à deux tiers des cas de COVID-19 dans la province canadienne de l’Ontario étaient dus aux variants Alpha, Beta et Gamma, alors qu’en septembre 2021, la quasi-totalité des infections en Ontario était due au variant Delta. Cette étude a été menée pour comprendre les niveaux d’anticorps neutralisants et l’étendue de la protection des anticorps contre le SRAS-CoV-2 de type sauvage et les VP chez les donneurs de sang canadiens au cours des trois premiers mois de l’année 2021. Sur 4 500 échantillons recueillis entre janvier et mars 2021, un sous-ensemble de 320 échantillons a été divisé en groupes en fonction du statut vaccinal connu et de l’infection présumée. Des échantillons ont été sélectionnés au hasard dans ces sous-groupes. Nous avons effectué des tests de neutralisation en utilisant des particules de type viral (PTV) pour mesurer la capacité de neutralisation des anticorps contre le type sauvage et les VP, Alpha (B.1.1.7), Beta (B.1.351), Gamma (P.1), et Delta (B.1.617.2). Le variant Delta a été inclus dans cette analyse parce qu’il est apparu comme un variant prévalent au cours de l’étude, et son inclusion a permis à l’équipe de recherche de comparer comment les vaccins et les infections qui ont été contractées au cours de la période de janvier à mars 2021 ont été en mesure de produire une capacité de neutralisation contre un variant Delta émergent.
Des niveaux élevés de capacité de neutralisation ont été détectés chez les donneurs de sang vaccinés; cependant, les capacités de neutralisation contre les VP du SRAS-CoV-2 ont été réduites par rapport à celles de la souche de type sauvage. Dans les groupes vaccinés et/ou infectés, la neutralisation de Beta était détectable, bien qu’elle ait montré la capacité de neutralisation la plus faible par rapport à la souche de type sauvage. Ces mêmes groupes de donneurs ont également montré une capacité de neutralisation détectable, bien que réduite, contre les VP Alpha, Gamma et Delta par rapport à la souche de type sauvage. Cependant, dans le groupe non vacciné et non infecté, nous n’avons pas détecté de capacité de neutralisation contre le type sauvage ou les VP. Cette étude est importante, car elle indique que la vaccination (et l’infection antérieure) est associée à une large capacité d’anticorps neutralisants du plasma du donneur contre la souche de type sauvage du SRAS-CoV-2 et les VP Alpha, Bêta, Gamma et Delta.
SARS-CoV-2 virus-like particle neutralizing capacity in blood donors depends on serological profile and donor-declared SARS-CoV-2 vaccination history. Microbiology Spectrum. Steven J. Drews, Queenie Hu, Reuben Samson, Kento T. Abe, Bhavista Rathod, Karen Colwill, Anne-Claude Gingras, Qi-Long Yi, Sheila F. O’Brien. 2022.02.23.02262-21; https://journals.asm.org/doi/10.1128/spectrum.02262-21