Fiona Brinkman

Adjointe du pilier 6, CAMEO (Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs), du réseau CoVaRR-Net

Professeure émérite, Université Simon Fraser

Nazeem Muhajarine

Nazeem Muhajarine Ph. D.

Co-responsable du pilier 8, Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale, du réseau CoVaRR-Net

Professeur et épidémiologiste, Université de la Saskatchewan

Cory Neudorf, M.D.

Co-responsable du pilier 8, Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale, du réseau CoVaRR-Net

Professeur, Université de la Saskatchewan

Après plus de quatre ans de vie avec la COVID-19, une chose est prévisible : le SRAS-CoV-2 continuera d’évoluer rapidement et de trouver de nouveaux moyens d’infecter et de réinfecter les Canadiens et la population mondiale.

« Le variant KP.3.1.1 a entraîné une augmentation importante du nombre de cas de COVID-19 au Canada et aux États-Unis au cours de l’été, car ce virus continue d’avoir un impact différent de celui des virus saisonniers hivernaux typiques comme la grippe », explique la Pre Fiona Brinkman, adjointe du pilier 6, Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs (CAMEO) du réseau CoVaRR-Net, et professeure émérite de bioinformatique et de génomique à l’Université Simon Fraser. « Ce sous-variant présente plusieurs nouvelles mutations qui améliorent la liaison avec nos cellules, augmentent la transmissibilité et favorisent l’évasion immunitaire. Bien qu’il n’y ait actuellement aucune inquiétude concernant de nouveaux variants émergents à l’horizon, le SRAS-CoV-2 est encore un virus relativement nouveau et a encore le potentiel d’optimiser sa liaison cellulaire et son évasion immunitaire. »

La rapidité de l’évolution du SRAS-CoV-2 reste préoccupante. « Le SRAS-CoV-2 n’a pas disparu et semble être là pour rester », déclare le Pr Nazeem Muhajarine, co-responsable du pilier 8, Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale, du réseau CoVaRR-Net, et professeur et épidémiologiste à l’Université de la Saskatchewan. « Depuis 2020, nous observons chaque année à la fin de l’été une recrudescence des cas de COVID-19, et l’année en cours n’a pas dérogé à la règle. Ce phénomène fait généralement suite à une recrudescence hivernale de la COVID-19 et d’autres maladies virales respiratoires », ajoute-t-il.

Cet automne, recevez un vaccin mis à jour

Selon l’Agence de santé publique du Canada (ASPC), à l’automne dernier, seulement 15 % des Canadiens âgés de cinq ans et plus et moins de la moitié des adultes plus âgés à haut risque avaient reçu un vaccin contre la COVID-19 mis à jour et adapté au variant XBB.1.5 au début du mois de décembre 2023. Les nouveaux vaccins COVID-19 de Moderna, Pfizer et Novavax, qui ciblent des sous-variants plus récents, ont récemment été approuvés par Santé Canada. Les nouveaux vaccins Moderna et Pfizer ciblent le sous-variant KP.2 d’Omicron, qui est beaucoup plus proche de la souche dominante actuelle de KP.3.1.1 que la version précédente des vaccins. Ces deux vaccins sont approuvés pour les adultes et les enfants âgés de six mois et plus. Le vaccin à base de protéines de Novavax, appelé Nuvaxovid, est approuvé pour les adultes et les enfants de 12 ans et plus.

Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) recommande vivement à tous les Canadiens présentant un risque accru d’infection par le SRAS-CoV-2 ou de forme grave de la COVID-19 de se faire vacciner cet automne avec le dernier vaccin mis à jour. Toutefois, les experts du réseau CoVaRR-Net suggèrent que toutes les personnes admissibles âgées de cinq ans et plus reçoivent une dose de rappel.

« Si six mois se sont écoulés depuis votre dernière dose de rappel et que vous n’avez pas été infecté par la COVID-19 pendant cette période, faites-vous vacciner dès que le vaccin sera disponible. La nouvelle formulation devrait offrir une certaine protection contre l’infection et une bonne protection contre la forme grave de la maladie, car elle correspond mieux au variant dominant qui circule actuellement », conseille le Dr Cory Neudorf, co-responsable du pilier 8, Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale, du réseau CoVaRR-Net, et professeur et épidémiologiste à l’Université de la Saskatchewan.

« Il est particulièrement important d’obtenir une dose de rappel cet automne pour les personnes qui présentent un risque élevé en raison de leur âge, d’un problème médical sous-jacent, d’une grossesse, d’un séjour dans un établissement de soins de longue durée ou dans un autre lieu d’hébergement collectif, pour les Autochtones, les membres de communautés racisées et d’autres communautés marginalisées, ainsi que pour les personnes qui fournissent des services communautaires essentiels », ajoute-t-il.

Les experts du réseau CoVaRR-Net conseillent également vivement aux parents de faire vacciner cet automne tous les enfants et adolescents admissibles âgés de 5 à 17 ans, s’ils n’ont pas été récemment infectés par le SRAS-CoV-2 cette année. Cela peut à la fois profiter à leur enfant et contribuer à limiter la transmission dans les écoles. Selon l’ASPC, moins de 7 % des enfants et adolescents en âge scolaire avaient reçu une dose de rappel contre le variant XBB.1.5 en juin 2024, ce qui permet la transmission dans l’environnement scolaire.

« Le SRAS-CoV-2 est encore très récent et on ne sait pas grand-chose des effets à long terme de la COVID sur un enfant, surtout s’il est réinfecté plusieurs fois », déclare la Pre Brinkman. « En tant que parents, nous voulons que nos enfants prennent le meilleur départ dans la vie, et la vaccination peut contribuer à minimiser les risques pour leur santé future, alors qu’ils s’aventurent et explorent leur monde. »

La Pre Brinkman conseille également aux personnes présentant un risque élevé de complications liées au virus de la COVID-19, qui sont généralement moins exposées et n’ont pas contracté le virus de la COVID-19 récemment, d’envisager de se faire vacciner cet automne environ deux à huit semaines avant toute activité à risque élevé, y compris les voyages, si possible.

La réalité est que des personnes tombent encore malades et meurent à cause de la COVID-19. « Les gens se présentent chez les médecins et dans les hôpitaux pendant la période de pointe actuelle et cette maladie reste assez grave, entraînant des admissions en unité de soins intensifs (USI) et des décès », ajoute le Dr Neudorf. « De plus, la recherche continue de montrer que le risque de complications à long terme – ou COVID longue – augmente avec le nombre de fois où l’on est malade. »

Restez à la maison si vous êtes malade

Il est également important de prendre des précautions fondées sur le bon sens pour prévenir ou limiter la propagation de tous les virus respiratoires, sachant que la plupart d’entre eux se propagent plus facilement en automne et en hiver. « Si vous avez des symptômes respiratoires importants ou de la fièvre, restez chez vous si vous êtes malade », déclare le Dr Neudorf. « Nous n’avons pas besoin de propager ces virus dans la communauté, dans les écoles ou le milieu de travail. Si vous êtes malade ou en convalescence, faites ce que vous pouvez pour limiter la propagation, par exemple en limitant les contacts avec d’autres personnes et en portant un masque si vous êtes en présence de personnes vulnérables. »

Entre-temps, la coqueluche, une maladie bactérienne, connaît une recrudescence au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et dans d’autres provinces, juste à temps pour la rentrée des classes et avant la saison des maladies respiratoires de l’automne. « Nous observons aujourd’hui davantage d’éclosions de coqueluche au Canada. Malheureusement, le fait que de nombreux enfants n’aient pas reçu tous leurs vaccins depuis la pandémie a ouvert la porte à la réapparition de maladies infectieuses telles que la coqueluche et la rougeole. Ces maladies peuvent être évitées grâce à une plus grande utilisation de vaccins éprouvés depuis longtemps, que la plupart des personnes nées au Canada reçoivent depuis des décennies », déclare le Pr Muhajarine.

Qu’en est-il de la mpox et de la grippe aviaire?

Le 14 août, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la mpox constituait une urgence de santé publique de portée internationale, en partie à cause de la propagation de la souche clade 1b de la mpox en République démocratique du Congo (RDC) et dans de nombreux autres pays africains. Le clade 1b provoque parfois une forme grave de la maladie ou la mort et est plus transmissible que la souche clade 2 (qui a déclenché une épidémie mondiale en 2022), car les personnes peuvent contracter le clade 1b non seulement par contact sexuel, mais aussi en manipulant des objets personnels utilisés par une personne infectée.

« Le Canada doit faire davantage dans le domaine de la santé publique internationale et plaider en faveur de la fourniture de vaccins contre la mpox dans les points chauds de l’Afrique où elle se propage. Aucun cas de clade 1b n’a encore été signalé au Canada, mais, dans un contexte de mondialisation, cette souche est aussi proche de nous que le prochain visiteur atteint d’une infection provenant d’un pays où il y a eu une éclosion », déclare le PMuhajarine.

La grippe A H5N1– un sous-type de l’influenza aviaire (aussi appelée grippe aviaire) – a fait la une des journaux au printemps dernier lorsqu’il a été signalé que le virus était passé des oiseaux au bétail au Texas, provoquant finalement des éclosions dans des fermes laitières de plusieurs États américains, se propageant à d’autres espèces animales et infectant les travailleurs des fermes laitières. Le 30 août, de nouveaux foyers de grippe aviaire ont été confirmés chez des bovins dans des exploitations laitières en Californie. Le 6 septembre, les centres américains de contrôle et de prévention des maladies ont signalé qu’un homme du Missouri avait été hospitalisé et s’était rétabli du premier cas de grippe aviaire chez l’homme sans qu’il ait été exposé à des animaux malades dans le cadre de son travail.

« La propagation de la grippe aviaire aux troupeaux de bovins en Californie est préoccupante, car cet État compte le plus grand nombre d’exploitations laitières aux États-Unis et fournit environ 20 % du lait du pays », prévient la Pre Brinkman. « Heureusement, au Canada, il n’y a pas encore de cas confirmé de H5N1 chez le bétail et une surveillance active de notre approvisionnement en lait a été effectuée pour détecter des signes du virus. Nous continuons à suivre de très près la propagation et l’évolution de ce nouveau sous-clade de H5N1, y compris sa propagation au cours de l’automne et de l’hiver prochains, lorsque les cas de grippe saisonnière habituels viendront s’ajouter au mélange. Il est essentiel d’assurer une surveillance sur plusieurs fronts afin de pouvoir réagir rapidement à toute menace et, espérons-le, de la réduire au minimum, tout en permettant aux gens de mener une vie normale », souligne-t-elle. « Mais l’un des moyens les plus simples et les plus efficaces de réduire le risque de contracter plusieurs virus est de se tenir à jour, ainsi que les membres de sa famille, en ce qui a trait aux vaccins recommandés. »