Ninan Abraham

PNinan Abraham

Directeur de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’identité autochtone (EDIIA) du réseau CoVaRR-Net)

Professeur de microbiologie et d’immunologie et de zoologie à l’Université de la Colombie-Britannique et ancien vice-doyen chargé de l’équité, de la diversité et de l’inclusion à la Faculté des sciences de l’Université de la Colombie-Britannique

Claire Betker, Ph. D.

Directrice associée de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’identité autochtone (EDIIA) du réseau CoVaRR-Net et directrice scientifique du Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé

Kimberly Huyser

Pre Kimberly Huyser

Responsable du pilier 7, Mobilisation, développement et recherche autochtones (CIEDAR), du réseau CoVaRR-Net et professeure agrégée à l’Université de Colombie-Britannique

Les modèles de collaboration et les partenariats interdisciplinaires sont les principaux héritages du réseau CoVaRR-Net. L’une des grandes forces du réseau a été la façon dont CIEDAR (le pilier 7, Mobilisation, développement et recherche autochtones du réseau CoVaRR-Net) et EDIIA (Équité, diversité, inclusion et identité autochtone) ont travaillé ensemble, modélisant la façon dont les chercheurs devraient travailler avec les populations autochtones et d’autres groupes mal desservis.

« Nous co-créons des initiatives à partir de zéro, nous explorons différentes manières de connaître et d’apprendre, nous pratiquons une écoute profonde et nous travaillons collectivement pour amplifier les voix marginalisées », déclare Kimberly Huyser, responsable du pilier 7, CIEDAR, et professeure agrégée à l’Université de Colombie-Britannique. « Dans l’écoute profonde, il est important non seulement d’entendre ce que les autres disent, mais aussi d’essayer de comprendre leur point de vue. »

Cette approche transformatrice se reflète dans la récente série de dîners-causeries, mise au point conjointement par CIEDAR et EDIIA pour promouvoir l’équité dans les activités de recherche au sein du réseau CoVaRR-Net. « Notre objectif avec les webinaires « dîner-causerie » est de favoriser l’apprentissage collectif et de créer un héritage de connaissances partagées qui survivra à notre passage dans le réseau », déclare la Pre Huyser.

La série de dîner-causerie est un exemple de méthode transformative qui adopte des modèles de travail fondé sur la co-création visant à se défaire des approches descendantes et à favoriser des relations non hiérarchiques afin d’encourager la diversité des voix, qui sont à la fois représentées et amplifiées. La série ne se contente pas de promouvoir des principes de la co-création, elle les démontre activement. Par exemple, CIEDAR et EDIIA ont activement intégré des méthodes de recherche autochtones et divers modes de connaissance aux méthodologies de recherche occidentales dans leurs séances de planification afin de cultiver un engagement transformateur.

Claire Betker, Ph. D., directrice associée d’EDIIA et directrice scientifique du Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé, explique : « Nous ne nous contentons pas de parler d’inclusion, nous la vivons. De l’écoute profonde à l’amplification des voix marginalisées, chaque pas que nous faisons est intentionnel. » Elle conseille aux chercheurs : « Apprenez davantage et ne soyez pas sur la défensive. Posez des questions et fréquentez les personnes avec lesquelles vous travaillez en partenariat. Soyez ouvert à vous remettre en question et à adapter vos propres méthodes de recherche aux besoins de chaque communauté. »

« Les chercheurs en santé du réseau CoVaRR-Net, qu’ils soient en recherche fondamentale ou appliquée, doivent comprendre les communautés mal desservies et la manière dont elles ont été exclues par le passé. Nous devons entreprendre des recherches qui incluent les communautés mal desservies pour obtenir des résultats vraiment représentatifs et significatifs, et nous devons le faire à l’aide d’une approche collaborative, où toutes les voix sont entendues et valorisées », déclare le PNinan Abraham, directeur de l’EDIIA du réseau CoVaRR-Net, professeur de microbiologie et d’immunologie et de zoologie à l’Université de la Colombie-Britannique, et ancien vice-doyen chargé de l’équité, de la diversité et de l’inclusion à la Faculté des sciences de l’Université de la Colombie-Britannique.

« La série de dîners-causeries que nous avons créée avec CIEDAR est un exemple au sein du réseau CoVaRR-Net de ce que suppose la co-création avec les peuples autochtones. Il y a là des leçons et des principes directeurs pour notre réseau, d’autres chercheurs en santé canadiens et les gouvernements, qui peuvent tous être appliqués lorsque l’on fait de la recherche en partenariat avec les peuples autochtones et d’autres communautés mal desservies », ajoute le Pr Abraham.

La co-création en action

La co-création désigne une approche collaborative de résolution créative de problèmes entre divers participants à tous les stades d’une initiative de recherche. Elle commence par l’identification du problème et se poursuit par l’élaboration et la mise en œuvre d’une solution, jusqu’à l’évaluation de l’impact des résultats. La co-création est largement considérée comme un moyen d’accroître l’impact de la recherche sur des problèmes de santé complexes, en particulier avec des participants issus de communautés marginalisées et mal desservies qui doivent participer de manière significative.

Le modèle décolonial, par exemple, met l’accent sur une approche collaborative et non hiérarchique qui crée un environnement sûr pour l’interaction, où toutes les voix sont entendues et valorisées, et où les décisions sont prises par consensus. « Tirer parti de la position, de l’expertise et des compétences de chacun permet d’obtenir les meilleurs résultats possibles », explique le Pr Abraham.

Lorsque CIEDAR et EDIIA ont créé conjointement la série de webinaires de dîners-causeries en novembre 2023, un objectif clé était de modéliser ce à quoi la co-création dans la recherche avec les peuples autochtones ressemble en pratique.

Il s’appuie sur le succès d’initiatives antérieures co-créées, telles que l’atelier organisé par CIEDAR et EDIIA lors de la Réunion de printemps 2023 du réseau CoVaRR-Net, qui s’est tenu à Ottawa en mai 2023. Cet atelier comprenait un sketch éducatif qui simulait des chercheurs en santé présentant une demande de recherche collaborative à une nation autochtone hypothétique dotée d’un comité d’examen de la santé communautaire officiel. Le sketch illustre une interaction typique entre des chercheurs et des leaders autochtones, les chercheurs exprimant des intentions communes et les membres du comité d’examen de la santé de la communauté autochtone exprimant des questions communes. Dans ces présentations, il y a généralement des moments où les chercheurs répondent bien aux attentes de la communauté et d’autres où les hypothèses des chercheurs ne correspondent pas aux besoins de la communauté. Le sketch montrait clairement que les chercheurs n’avaient pas réfléchi à ce qui était important pour la nation autochtone, et leurs actions et leurs paroles montraient que trop de chercheurs n’accordent pas assez d’importance aux communautés mal desservies et à leurs perspectives. Pour établir des collaborations de recherche fructueuses avec les communautés autochtones, les chercheurs doivent examiner leurs hypothèses et axer leurs propositions sur les souhaits et les besoins des communautés autochtones.

L’origine de la série des dîners-causeries réside dans les résultats des tournées d’écoute d’EDIIA, menées par Michelle Zinck, responsable de l’EDIIA, et dans les lacunes à ce chapitre identifiées lors d’une évaluation pilier par pilier effectuée par Areeba Asif, coordinatrice de projet de l’EDIIA. En novembre 2023, des équipes de CIEDAR et d’EDIIA ont commencé à se réunir chaque semaine pour élaborer des idées et des concepts de webinaires, évaluer l’intérêt et définir l’impact souhaité. La phase de planification, qui s’est déroulée de janvier à mai 2024, a consisté à transformer les idées en plans réalisables, les membres de l’équipe assumant équitablement les responsabilités.

Les séances de dîner-causerie intègrent des systèmes de connaissance décolonisés avec des méthodologies occidentales, qui vont au-delà des formats traditionnels des webinaires et visent à encourager des conversations spontanées et naturelles qui favorisent l’apprentissage et le désapprentissage en temps réel. L’objectif des séances de webinaires est de créer un espace respectueux et sûr pour que tous les membres du réseau CoVaRR puissent participer et apprendre. Les participants sont censés se sentir en sécurité pour parler franchement et défendre leur cause, sans influence ni jugement extérieurs, ce qui est réalisé en gardant l’espace du webinaire à l’intérieur du réseau.

Un autre objectif clé est de défendre activement les voix des personnes qui s’identifient comme autochtones, noires et de couleur (PANDC) et des personnes historiquement marginalisées en mettant ces voix au premier plan par l’entremise de séances spécialement conçues à cet effet, en veillant à ce que diverses perspectives soient entendues. « Il est important de démontrer l’interconnexion de l’équité en matière de santé, par exemple le lien entre la santé des Autochtones et l’équité en matière de santé pour les Noirs », déclare le Pr Abraham.

Intégrer les communautés dans les recherches futures

Pour promouvoir l’équité en matière de santé et co-créer avec des participants issus de communautés mal desservies, les chercheurs en santé doivent prendre le temps d’établir des relations et de la confiance et d’adopter des perspectives diverses.

En réponse au vif intérêt manifesté au sein du réseau CoVaRR-Net pour en apprendre davantage sur la mobilisation communautaire et la co-création réussies, CIEDAR et EDIIA consacrent les deux prochains dîners-causeries d’octobre 2024 à l’exploration de la manière de mobiliser les communautés dans la recherche afin de promouvoir l’équité en matière de santé, avec la co-création comme voie d’accès clé.

« Nous considérons la co-création comme un modèle possible que les chercheurs en santé peuvent adapter pour collaborer avec les communautés mal desservies et les chercheurs principaux pour interagir avec leurs propres stagiaires », déclare la Pre Huyser, qui espère que les chercheurs et les stagiaires du réseau CoVaRR-Net communiqueront à leur tour ces pratiques innovantes avec leurs collègues de la communauté de la recherche en santé au Canada.