Jennifer Gommerman

Jen Gommerman, PhD

Co-responsable du Pilier 1– Immunologie et protection vaccinale
Professeure, Université de Toronto
Chaire de recherche du Canada en immunité propre aux tissus

Ciriaco Piccirillo

Ciriaco Piccirillo, PhD

Co-responsable du Pilier 1– Immunologie et protection vaccinale
Professeur et directeur du programme d’études supérieures, Université McGill
Scientifique principal, Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

La lutte contre la COVID-19 a été un cours accéléré d’adaptation à un virus qui évolue rapidement. L’équipe du pilier 1, Immunologie et protection vaccinale, du réseau CoVaRR-Net a occupé la première ligne de ce combat. Chargée d’étudier la réponse du système immunitaire humain aux variants émergents et d’évaluer l’efficacité des vaccins contre ces derniers, ses travaux ont laissé une marque indélébile sur la préparation aux pandémies et la recherche sur les vaccins.

L’une des réalisations du pilier 1 a été le renforcement de la capacité à répondre à des questions essentielles sur l’immunité. L’équipe a constitué une cohorte d’adultes en bonne santé ayant reçu un vaccin, représentant les différentes combinaisons de vaccins utilisées au Canada.

« Nous avons créé une base solide pour l’étude de l’immunité induite par les vaccins », déclare le Pr Ciriaco Piccirillo, co-responsable du pilier 1 et professeur à l’Université McGill. « Ces échantillons ont été partagés avec des collaborateurs, ce qui a permis de mieux comprendre comment les vaccins stimulent des réponses immunitaires et d’optimiser les futures stratégies de vaccination. Cela s’est avéré incroyablement utile. »

Les recherches menées par le pilier 1 ont abouti à de nombreuses découvertes importantes au cours de la pandémie. Tout d’abord, il a été démontré que la vaccination entraîne des réponses anticorps systémiques et des réponses anticorps limitées/transitoires au niveau des muqueuses. De plus, la combinaison de deux doses de vaccin suivies d’une infection postvaccinale par Omicron s’est avérée plus efficace que trois doses de vaccin pour renforcer les réponses immunitaires systémiques et muqueuses. La recherche a également démontré que la vaccination avec des vaccins de type sauvage codant le spicule du SRAS-CoV-2 offre une protection limitée contre l’infection ou la réinfection par les variants d’Omicron. Enfin, elle a révélé qu’une pression sélective pour l’évasion immunitaire des lymphocytes T dans les régions du spicule se produit lors de la transmission entre les hôtes. L’équipe a également caractérisé la réponse des anticorps et des lymphocytes B à mémoire à neuf variants.

Le pilier 1 a également évalué l’immunité au sein de plusieurs populations et tiré certaines conclusions. Par exemple, une troisième dose de vaccin à ARNm contre la COVID-19 ou une infection post-vaccinale renforce de manière significative l’immunité des lymphocytes T à des niveaux comparables chez les adultes plus âgés, comme chez les adultes plus jeunes après leur deuxième dose. Les personnes vivant avec le VIH et recevant un traitement antirétroviral ont montré des niveaux d’immunité similaires après trois doses de vaccin à ARNm et ont bénéficié d’une quatrième dose. Chez les enfants atteints d’immunodéficience primaire, une troisième dose de vaccin a entraîné une réponse humorale similaire à celle des enfants en bonne santé après deux doses. Cependant, les enfants souffrant d’immunodéficience secondaire ne semblaient pas produire d’anticorps neutralisants, ce qui indique la nécessité de nouvelles stratégies de vaccination pour les enfants immunodéprimés. Enfin, les réponses anticorps à la vaccination ont montré des différences liées à l’âge et au sexe.

Plusieurs percées dans le cadre des projets du pilier 1 sont le fruit de collaborations au sein des piliers et entre eux, ce qui, selon la Pre Jennifer Gommerman, co-responsable du pilier 1 et professeure à l’Université de Toronto, est vital depuis le début de la pandémie. « Le réseau CoVaRR-Net a été très utile et essentiel pour rassembler les gens, lancer des idées et établir des modèles afin d’obtenir des données préliminaires », fait-elle remarquer. « Ce sont ces épaules sur lesquelles nous nous tenons qui nous permettent de regarder vers l’avant. »

Cette collaboration entre les piliers a été évidente avec la création d’un pipeline informatique pour évaluer et prédire comment les mutations dans les variants viraux peuvent échapper aux anticorps. Un effort conjoint entre le pilier 1 et le pilier 6/CAMEO (équipe Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs du réseau CoVaRR-Net) a suggéré que la réactivité croisée des coronavirus saisonniers pourrait influencer les réponses anticorps aux épitopes spécifiques du SRAS-CoV-2 pendant la transmission, fournissant ainsi des informations essentielles sur la dynamique immunitaire et l’évolution virale. « Ces résultats pourraient influencer les stratégies de santé publique et renforcer la préparation à la pandémie », déclare le Pr Piccirillo. « C’est une autre façon pour nos études de contribuer aux efforts de santé publique en cours visant à optimiser les schémas de vaccination pour les populations vulnérables. »

Les défis posés par la recherche en période de pandémie ont mis en évidence la nécessité de s’adapter. La Pre Gommerman explique que les retards dans la réception des fournitures, les pénuries de vaccins et la nature évolutive du virus ont obligé les chercheurs à s’adapter rapidement et fréquemment. « Nous avons dû orienter la recherche en fonction de l’évolution de la situation », explique-t-elle. « Ce qui était autrefois notre grande question passionnante a parfois dû changer parce que, soudainement, un groupe a fait une percée. Comment faire la même expérience? La réponse a été que nous ne le faisons pas et que nous devons pivoter. »

Les travaux du pilier 1 ont joué un rôle clé dans l’élaboration des futures stratégies vaccinales au Canada. Qu’il s’agisse de la recherche sur les réponses immunitaires adaptatives chez les adultes et les enfants, qui permet d’établir des calendriers de vaccination et des méthodes d’administration pour les groupes vulnérables, de l’exploration de l’immunité muqueuse, qui ouvre la voie à des stratégies novatrices d’administration des vaccins, ou des connaissances sur les anticorps et l’immunité à médiation cellulaire, qui ont suscité de nouvelles recherches sur d’autres maladies que la COVID-19, le pilier 1 continue d’étendre l’impact de ses travaux.

« Tous ces résultats contribuent à l’élaboration d’approches de vaccination plus efficaces et à l’amélioration de la préparation du Canada en cas de pandémie », déclare la Pre Gommerman. « Cela contribuera à garantir que les futurs plans de vaccination soient efficaces et inclusifs. »

Avec la fin du financement fédéral concernant la COVID-19 accordé au réseau CoVaRR-Net, l’héritage du pilier 1 est celui de la rigueur scientifique, de l’adaptabilité et de la collaboration.  « Ces travaux soulignent que la science, dans ce qu’elle a de meilleur, est un travail d’équipe », déclare le Pr Piccirillo. « En travaillant en collaboration, nous avons fait en sorte que les contributions du pilier 1 résonnent bien au-delà de la pandémie et nous guident vers un avenir plus sain et mieux préparé. »

Le Pr Piccirillo est également reconnaissant d’avoir eu l’occasion de travailler sous la bannière du réseau CoVaRR-Net. « Il y avait une volonté naturelle de partager le savoir-faire, les compétences et les ressources pour atteindre nos objectifs », dit-il. « Il s’agissait d’un groupe de soutien tout au long de la pandémie, où les gens se parlaient et s’encourageaient les uns les autres. Nous ne pouvons pas ignorer l’importance de cette réalité. »