Pilier 4
Génomique fonctionnelle et structure-fonction des variants préoccupants
En 2022, Omicron a remplacé les souches virales sauvage et Delta comme souche dominante du SRAS-CoV-2. Lors de l’émergence et de l’implantation du variant Omicron, trois doses de vaccin étaient recommandées comme série primaire de vaccination pour les receveurs d’une transplantation d’organe plein. Les receveurs de greffes se sont vu recommander une troisième dose de vaccin dans le cadre de leur série primaire de vaccination, car les traitements de routine avec des immunomodulateurs et des immunosuppresseurs entraînent des immunodéficiences. L’induction d’une immunodéficience est importante lors d’une greffe d’organe afin de prévenir le rejet de l’organe par le système immunitaire normal du patient. Il est important de noter que l’immunogénicité des vaccins contenant des antigènes de spicule de type sauvage contre la souche Omicron en circulation n’a pas été bien étudiée au moment de la rédaction de ce rapport.
L’objectif principal de cette étude était de déterminer si trois doses de vaccin étaient suffisantes pour induire une réponse immunitaire capable de neutraliser Omicron chez les receveurs de greffe. L’équipe de l’étude a recruté 60 greffés d’organes pleins qui ont reçu trois doses du vaccin à ARNm-1273 (Moderna). Le sérum a été isolé à partir du sang un mois et trois mois après la troisième vaccination. Des chercheurs du réseau CoVaRR-Net ont collaboré avec l’équipe de l’étude pour mesurer la capacité des anticorps à bloquer (neutraliser) l’entrée du virus Omicron dans les cellules hôtes. Environ 18,3 % des greffés ont présenté des réponses détectables d’anticorps neutralisants contre Omicron à un mois et environ 15,7 % des greffés ont présenté des réponses détectables d’anticorps neutralisants contre Omicron à trois mois après leur série primaire de vaccination. Les réponses d’anticorps neutralisants ont été comparées entre les variants de type sauvage, Delta et Omicron. La proportion de patients présentant une neutralisation détectable contre Omicron était significativement réduite par rapport aux variants Delta ou de type sauvage. Par exemple, à trois mois, une réduction d’environ 18,8 fois de la réponse en anticorps neutralisants a été détectée pour Omicron par rapport aux souches de type sauvage.
Le domaine de liaison au récepteur (DLR) de la protéine spiculaire est important car, au cours de l’infection, cette région assure la liaison du virus du SARS-CoV-2 aux récepteurs de l’hôte. Le variant Omicron est préoccupant, car il contient 37 mutations de spicule, dont 15 sont des mutations du DLR, ce qui peut entraîner une altération de l’efficacité des vaccins ou des traitements thérapeutiques conçus pour cibler la région du DLR. Pour comprendre si les anticorps anti-DLR générés en réponse à la vaccination pouvaient avoir une capacité de neutralisation, l’étude a comparé les niveaux d’anticorps anti-DLR avec la proportion de ceux qui avaient des anticorps neutralisants contre Omicron. Les chercheurs ont observé que 70 % des patients avaient des anticorps anti-DLR détectables jusqu’à trois mois. Bien que la plupart des patients ayant des anticorps neutralisant Omicron aient des niveaux plus élevés d’anticorps anti-DLR, la plupart des patients (81,6 %) n’avaient pas d’anticorps neutralisants détectables. Ceux qui n’avaient pas d’anticorps neutralisants présentaient des taux d’anticorps anti-DLR plus faibles. Ces résultats suggèrent qu’en dépit d’un certain chevauchement entre les niveaux d’anticorps neutralisants anti-Omicron et les niveaux d’anticorps anti-DLR, nous ne devrions pas automatiquement supposer que les mêmes anticorps ayant la capacité de se lier au DLR peuvent neutraliser Omicron. De plus, cette étude a montré que l’administration de trois doses de vaccin à des patients greffés entraînait de faibles réponses neutralisantes au variant Omicron.
Neutralisation against Omicron variant in transplant recipients after three doses of mRNA vaccine. Deepali Kumar, Queenie Hu, Reuben Sampson, Victor H. Ferreira, Victoria G. Hall, Matthew Ierullo, Beata Majchrzak-Kita, William Hardy, Anne-Claude Gingras, Atul Humar. American Journal of Transplantation. 2022.08.22.00010-7; https://www.amjtransplant.org/article/S1600-6135(22)00010-7/fulltext