Nazeem Muhajarine

Nazeem Muhajarine

Co-responsable du pilier 8, Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale, du réseau CoVaRR-Net
Professeur et épidémiologiste, Université de la Saskatchewan

Cory Neudorf, MD

Co-responsable du pilier 8, Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale, du réseau CoVaRR-Net
Professeur, Université de la Saskatchewan

Comment plus de 300 scientifiques canadiens, travaillant sur un problème commun sous différents angles, ont-ils pu mettre rapidement en pratique les résultats de leurs recherches sur les variants préoccupants (VP) de la COVID-19?

L’équipe du pilier 8 du réseau CoVaRR-Net, dirigée par le Pr Nazeem Muhajarine et le Dr Cory Neudorf, a relevé ce défi avec succès depuis la création du réseau en mars 2021. « La pandémie de COVID-19 a constitué une urgence de santé publique d’une portée et d’une ampleur sans précédent, et les signaux d’alarme ont retenti avec force et constance », déclare le Pr Nazeem Muhajarine, responsable du pilier 8, Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale, du réseau CoVaRR-Net, et professeur et épidémiologiste à l’Université de la Saskatchewan.

« Dès le premier jour, le mandat du pilier 8 a été de jouer un rôle de liaison au sein du réseau et, surtout, de fournir rapidement aux personnes travaillant dans le domaine de la santé publique en première ligne les informations, les idées et les connaissances sur les variants du SRAS-CoV-2 générées par les immunologistes, les virologues, les vaccinologues et les autres principaux scientifiques du réseau CoVaRR-Net, et de les tenir régulièrement informées », explique-t-il.

Partager des recherches récentes et exploitables avec des responsables locaux de la santé publique partout au Canada

Le Pr Muhajarine et le DNeudorf, coresponsable du pilier 8 et professeur à l’Université de Saskatchewan, ont rapidement formé une table ronde de responsables de la santé publique, composée de médecins hygiénistes locaux de partout au pays, afin de discuter des dernières informations épidémiologiques, idées et recommandations relatives aux VP lors de réunions mensuelles Zoom, et d’influencer directement la gestion de la pandémie.

En tant que chercheur universitaire et médecin hygiéniste expérimenté aux niveaux local et provincial en Saskatchewan, le Dr Neudorf a reconnu la valeur et l’importance de combler de manière proactive le fossé entre les praticiens de la santé publique de première ligne et les chercheurs du réseau CoVaRR-Net.

« Nous avons fait appel au Réseau de santé publique urbaine existant pour mettre en place le Groupe d’experts sur les VP. Les médecins hygiénistes locaux et les autres professionnels de la santé publique recherchaient des informations de qualité, fondées sur des données probantes et provenant de sources dignes de confiance pour les informer sur les nouveaux VP et éclairer la surveillance, discuter de préoccupations communes et les aider à élaborer et à mettre en œuvre des lignes directrices de santé publique et des politiques de protection », explique le Dr Neudorf, qui a également été directeur médical principal par intérim de l’autorité sanitaire de la Saskatchewan pendant la pandémie et a occupé pendant plus de vingt ans le poste de médecin hygiéniste de l’ancienne autorité sanitaire de Saskatoon.

Ces réunions mensuelles régulières ont également été l’occasion pour nous de demander aux praticiens de première ligne dans les villes et les régions du pays : « Quelles sont les questions auxquelles vous voulez des réponses? L’approche ciblée du pilier 8 a permis de garantir que les efforts de recherche du réseau CoVaRR-Net étaient à la fois opportuns et stratégiquement alignés sur les priorités concrètes et les besoins les plus urgents en matière de santé publique.

Traduire les connaissances pour les décideurs à la vitesse de la pandémie

Tout au long de la pandémie, l’équipe du pilier 8 a également apporté un soutien pratique aux décideurs en matière de santé publique aux niveaux fédéral et provincial, notamment par l’entremise de notes d’information sur le processus SBAR (situation, contexte, évaluation et recommandations). Ces documents ont été régulièrement soumis au Groupe de direction sur la COVID-19 du Canada, présidé par le sous-ministre canadien de la santé. Ils offraient des conseils concis et fondés sur des données probantes pour la prise de décisions cruciales en matière de politique de santé sur des sujets d’actualité tels que les infections post-vaccinales, l’attribution et la distribution des vaccins, l’hésitation vaccinale, les tests antigéniques rapides et la gestion des éclosions, les tests en milieu scolaire, la recherche de contacts et l’isolement, et l’hésitation à l’égard de la vaccination.

« Les informations SBAR et les autres documents que nous avons élaborés ont été très utiles aux décideurs », déclare le PMuhajarine. « Je me souviens de l’annonce de la propagation d’Omicron en Afrique du Sud et au Botswana à la fin du mois de novembre 2021. Le directeur général du réseau CoVaRR,-Net, le Pr Marc-André Langlois, a convoqué une réunion un dimanche après-midi. En l’espace d’une semaine, nous avons rassemblé et synthétisé les meilleures informations sur ce nouveau variant de la COVID-19 à partir de nombreuses sources fiables, à l’intention des professionnels de la santé publique de tout le Canada. Le travail du pilier 8 a démontré qu’il était possible de procéder à l’application des connaissances à la vitesse d’une pandémie. »

Politiques efficaces et meilleures pratiques pour les campagnes et les stratégies de vaccination

L’équipe du pilier 8 a également mené ses propres études de santé publique et d’impact social sur des questions importantes telles que la gestion de la transmission de la COVID-19 dans les écoles, l’efficacité des campagnes de vaccination provinciales et territoriales, l’évaluation des politiques de vaccination obligatoire au Canada et le rôle de la confiance du public dans le gouvernement, les institutions de santé et les organisations sociales pendant la pandémie de COVID-19.

« Nos études comparatives sur la manière dont les différentes provinces et territoires ont géré leurs campagnes de vaccination contre le virus de la COVID-19 ont montré que le fait de s’adresser aux communautés avec des campagnes adaptées à différents sous-groupes de population a permis d’augmenter la couverture vaccinale », déclare le Dr Neudorf. « Rendre les vaccins disponibles et accessibles sur les lieux de travail, et par le biais de cliniques mobiles et en dehors des heures de travail, s’est également avéré important pour stimuler la couverture vaccinale et l’équité en matière de santé. »

Une autre étude du pilier 8 a montré que l’obligation de fournir une preuve de vaccination a entraîné une augmentation immédiate et à court terme de la prise de la première dose, mais que les effets différaient selon les groupes d’âge. « Nos résultats suggèrent que si et quand les décideurs politiques élaborent de futures vaccinations obligatoires, ils devraient envisager de concevoir des exigences de preuve de vaccination pour les adultes jeunes et d’âge moyen qui sont plus susceptibles de socialiser et de travailler en dehors de leur domicile, et pour les enfants d’âge scolaire qui sont en contact personnel étroit quotidiennement », explique le Pr Muhajarine.

Gestion de la transmission de la COVID-19 dans les écoles

Les recherches du pilier 8 sur les politiques efficaces et les meilleures pratiques de gestion de la transmission de la COVID-19 dans les écoles ont permis d’aider les établissements d’enseignement du Canada à relever en toute sécurité les défis de la pandémie, à réduire la transmission et à minimiser les perturbations de l’apprentissage en personne pour les élèves. « Nous avons constaté une grande variabilité dans la manière dont les écoles des différentes provinces géraient la transmission de la COVID-19 et les politiques de fermeture des écoles, et cette question était très controversée », déclare le Dr Neudorf. « Nous avons recommandé que les stratégies d’atténuation de la COVID-19 dans les écoles soient ajustées en fonction du niveau de transmission dans la communauté. »

« De nouvelles données provenant du Canada ont montré que les enfants n’étaient probablement pas un facteur important dans la propagation du virus au sein de la population. Il est très important de trouver un équilibre entre les mesures d’atténuation de la transmission dans les écoles et les problèmes de développement de l’enfant qui résultent de la fermeture prolongée des écoles », ajoute le Dr Neudorf.

Comment la confiance du public a changé au cours de la pandémie et comment rétablir cette confiance

Le projet « Trust Dynamics and Equity in Public Health «  du pilier 8, une étude à méthodes mixtes sur la COVID-19, a exploré le rôle essentiel de la confiance du public dans les gouvernements provinciaux/territoriaux et fédéral, les autorités de santé publique et les scientifiques du domaine de la santé, entre autres. Ils ont comparé la confiance du public en mai 2024 à celle qu’il avait avant la pandémie de COVID-19. En collaboration avec le CIEDAR/Pilier 7 (le pilier 7, Mobilisation, développement et recherche autochtones du réseau CoVaRR-Net) et l’équipe EDIIA (Équité, diversité, inclusion et identité autochtone) du réseau CoVaRR-Net), cette vaste étude nationale portant sur plus de 5 600 adultes canadiens s’est également penchée sur la manière dont les disparités en matière de confiance se sont installées au cours de la pandémie. Ils ont examiné les différences de confiance entre les Autochtones et les non-Autochtones, les diverses communautés ethnoculturelles minoritaires, les femmes et les hommes, les nouveaux arrivants et les citoyens nés au Canada.

« Ces études nationales sur la confiance du public à la fin de la pandémie ont pour but d’aider à rétablir la confiance des Canadiens dans les institutions publiques, les scientifiques du secteur de la santé et les prestataires de soins médicaux », déclare le Pr Muhajarine. « Certains résultats préliminaires indiquent que la confiance du public est complexe, mais qu’elle peut être décrite. Par exemple, au Canada, c’est en Alberta et en Saskatchewan que la confiance dans les gouvernements provinciaux et fédéral est la plus faible, et au Nouveau-Brunswick qu’elle est la plus surprenante, avec des pourcentages de l’ordre de 30 %. C’est à l’égard des scientifiques du secteur de la santé que la confiance du public est la plus élevée au Canada – dans la plupart des provinces, elle est de l’ordre de 70 %. La confiance dans la santé publique se situe entre les deux, mais selon les régions du pays, elle varie entre 40 et 60 %, voire 70 % à Terre-Neuve », a-t-il déclaré.

« Nous disposons d’une tonne de données, tant quantitatives que qualitatives, provenant de cette étude. Nous espérons que les résultats et les enseignements de cette étude donneront lieu à des discussions plus larges sur la dynamique de la confiance et contribueront à générer des idées sur ce que les responsables de la santé publique peuvent faire pour renforcer et rebâtir la confiance chez l’ensemble des Canadiens », déclare le Dr Neudorf.

Dynamique de la confiance dans le gouvernement, la santé publique et les scientifiques au Canada : Mai 2024

Le pourcentage de confiance dans le gouvernement, la santé publique et les scientifiques de la santé a été calculé pour l’ensemble de l’échantillon (n=5607 adultes canadiens) du projet du Pilier 8 sur la dynamique de la confiance et l’équité en matière de santé publique. Les questions suivantes ont été posées sur chaque groupe : Dans quelle mesure aviez-vous fait confiance au gouvernement (fédéral, provincial) pour s’occuper de la population pendant la pandémie de COVID-19? Dans quelle mesure aviez-vous fait confiance aux autorités de santé publique dans leur gestion de la pandémie de COVID-19? Avez-vous fait confiance au travail des scientifiques? Les réponses étaient classées en Confiance, Méfiance, Neutre, Préfère ne pas répondre. Seul le pourcentage de Confiance est indiqué (données non publiées).