Doug Manuel

Dr. Doug Manuel, MD

Directeur, Groupe de recherche sur la surveillance des eaux usées du CoVaRR-Net
Adjointe, CoVaRR-Net, Santé publique, pilier Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale
Scientifique principal, Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa
Professeur éminent, Université d’Ottawa

Sarah (Sally) Otto

Sarah Otto, PhD

Co-responsable, pilier Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs (CAMEO) du réseau CoVaRR-Net
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en évolution théorique et expérimentale et professeure Killam, Université de la Colombie-Britannique

Dans quelle mesure les Canadiens devraient-ils s’inquiéter du sous-variant d’Omicron connu sous le nom de BA.2?

La perception selon laquelle le BA.2 est très contagieux mais ne met pas notre santé en danger est-elle exacte ou les Canadiens doivent-ils réagir en choisissant des précautions appropriées pour atténuer une menace sérieuse et rester en bonne santé?

La réponse des experts du réseau CoVaRR-Net est la seconde.

En raison de sa forte transmissibilité et de sa propagation rapide à mesure que les mesures de santé publique ont été réduites, le BA.2 alimente la sixième vague de la pandémie et accroît à la fois les risques pour la santé des Canadiens et la nécessité de prendre des mesures de protection réfléchies et appropriées.

Le sous-variant BA.2 est beaucoup plus transmissible que le sous-variant BA.1 et s’est rapidement emparé de la « part de marché ».

Le sous-variant BA.2 est plus transmissible que le sous-variant BA.1 (le premier variant d’Omicron qui a été dominant de décembre à février), il infecte donc plus facilement les gens et leur fait courir un risque plus élevé de développer la COVID-19.

« Tant la modélisation que la transmission dans les ménages indiquent que le BA.2 est plus apte à se propager, doublant sa fréquence ici au Canada tous les 8 à 10 jours, par rapport à la fréquence du BA.1, qui était à son tour beaucoup plus transmissible que le Delta.

Le sous-variant BA.2 peut mieux infecter et se répliquer dans nos cellules, ce qui permet au virus de passer plus facilement d’une personne à l’autre », explique Sarah Otto, Ph. D., coresponsable du pilier Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs (CAMEO) du réseau CoVaRR-Net, professeure Killam à l’Université de la Colombie-Britannique et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en évolution théorique et expérimentale.

Le BA.2 présente un fort avantage sélectif, ce qui a permis à ce variant de conquérir des « parts de marché » à un rythme accéléré et de remplacer presque entièrement le BA.1.

« BA.2 est maintenant la souche dominante au Canada, représentant plus de 70 % des cas et il est devenu le variant dominant à l’échelle mondiale », déclare la Pre Otto.

BA.2 a déclenché une vague printanière de hausse des infections et des hospitalisations

Le fait que la transmissibilité élevée et le très fort avantage sélectif de BA.2 surviennent à un moment où les mesures publiques ont été levées dans tout le pays n’a pas aidé.

« Nous constatons une forte augmentation des infections dans les signaux de surveillance des eaux usées partout au Canada et une augmentation des taux de positivité.

Les infections sont en hausse et devraient continuer à augmenter.

Les hospitalisations augmentent en raison du nombre croissant d’infections et l’un des plus grands risques est que les hospitalisations soient encore plus élevées que ce que les modèles prévoyaient le mois dernier », déclare le Dr Doug Manuel, adjoint au pilier Impacts sur la santé publique, les systèmes de santé et la politique sociale du réseau CoVaRR-Net et directeur du Groupe de recherche sur la surveillance des eaux usées du réseau CoVaRR-Net.

Les risques sanitaires augmentent

Les niveaux de COVID-19 relevés dans les eaux usées aujourd’hui au Canada à un nombre croissant de sites sont comparables à ceux observés lors de la vague d’hiver de BA.1 d’Omicron au cours de laquelle plus de 7 000 Canadiens sont décédés.

Ainsi, bien que l’on puisse avoir l’impression que les sous-variants BA.1 et BA.2 sont « plus bénins » que le variant Delta et que les risques sanitaires liés à la COVID-19 diminuent ou sont passés, le BA.2 demeure une menace sérieuse qui entraîne chaque jour des maladies graves, des hospitalisations et des décès chez les Canadiens.

Les effets à long terme d’un plus grand nombre d’infections ne peuvent pas encore être déterminés, mais comme un plus grand nombre de personnes développent la COVID-19, un plus grand nombre de personnes sont également susceptibles de souffrir de la COVID longue.

Cela augmentera la pression subséquente sur le système de santé et l’économie, entraînant une perte de productivité et une hausse de l’absentéisme.

Les risques de maladie grave, d’hospitalisation et de décès liés au sous-variant BA.2 ont particulièrement augmenté pour les Canadiens qui ne sont pas vaccinés ou pas vaccinés complètement, ainsi que pour les personnes immunodéprimées ou plus vulnérables en raison de leur âge :

Alors que plus de 85 % des Canadiens âgés de 5 ans et plus ont reçu deux doses de vaccin, seulement 57 % des Canadiens de 18 ans et plus ont reçu trois doses.

Moins de 40 % des Canadiens âgés de 5 à 11 ans ont reçu deux doses.

Une personne qui a reçu une dose de rappel (troisième dose) a presque sept fois moins de risques d’être hospitalisée à cause de la COVID-19 qu’une personne non vaccinée et six fois moins de risques de mourir.

Les troisième et quatrième doses offrent également une protection beaucoup plus grande contre les maladies graves causées par le BA.2 que ne le font deux doses et constituent une protection vitale pour toute personne ayant reçu une deuxième dose à l’automne dernier ou avant, car l’immunité contre la COVID-19 diminue avec le temps.

« Si vous avez reçu deux doses, vous êtes incomplètement vacciné contre le BA.2 et vous avez besoin d’une vaccination supplémentaire pour vous protéger.

Acceptez le vaccin qui vous est proposé et vous serez moins susceptible de tomber malade », conseille le Dr Manuel.

Outre le nombre de doses, le temps écoulé depuis l’administration de ces doses est important, notamment pour protéger les personnes contre les infections.

Juste après une troisième ou une quatrième dose, le taux d’anticorps dans l’organisme monte en flèche, ce qui permet à l’organisme de mieux combattre les infections.

Cette réponse immunitaire génère une protection vraiment solide (de 20 à 30 x) contre l’hospitalisation, mais cette protection s’estompe avec le temps, surtout avec le variant génétiquement distinct Omicron (BA.1 et BA.2).

« Au bout de quatre mois environ, nous constatons que cette protection diminue à nouveau, c’est pourquoi nous recommandons une dose supplémentaire à toute personne présentant une vulnérabilité sur le plan de la santé dès qu’elle est admissible », conseille le DManuel.

Prendre des précautions pour protéger les Canadiens les plus vulnérables

Lorsque vous décidez de porter un masque, il est également important de tenir compte de l’état de santé des personnes qui vous entourent. « Les gens doivent prendre la responsabilité de protéger les personnes de leur entourage qui sont vulnérables en raison d’une immunité faible ou compromise.

Il se peut que vous ne soyez pas conscient de leur état immunitaire, car il s’agit d’un handicap invisible », explique le Dr Manuel.

Étant donné que le sous-variant BA.2 est très contagieux et qu’il peut plus facilement causer une maladie grave chez les personnes dont le système immunitaire est plus faible, les Canadiens plus âgés ou immunodéprimés doivent bénéficier de mesures de protection supplémentaires grâce à des doses de vaccin additionnelles (s’ils sont admissibles) et aux précautions prises par les personnes de leur entourage.

« L’une des grandes préoccupations de la vague actuelle de BA.2 est l’augmentation des risques pour les populations les plus vulnérables, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées, qui sont moins protégées contre l’hospitalisation en raison de la baisse de leur immunité.

Pour les personnes faisant partie de ces populations vulnérables, le risque d’être hospitalisées pendant cette vague de BA.2 est deux à trois fois plus élevé que pendant la première vague de BA.1 d’Omicron, à moins qu’elles ne reçoivent une autre dose.

L’un des objectifs essentiels de la vague actuelle est de protéger les personnes qui risquent le plus de développer une forme grave de la maladie, d’être hospitalisées et de mourir à cause de la COVID-19 », explique la Pre Otto.

Casser la vague en utilisant la vaccination, les masques et les tests rapides pour réduire la transmission

Le fait de se faire vacciner, de porter un masque dans les espaces intérieurs achalandés et de procéder à des tests rapides (qui peuvent être difficiles d’accès pour certaines personnes) au moment opportun fera une différence dans la trajectoire de la vague printanière de BA.2 et dans le nombre de Canadiens dont la santé sera affectée.

« Tout le monde joue un rôle dans la réduction de la transmission.

Nous sommes dans une autre vague et si suffisamment de gens enlèvent leur masque, la vague sera beaucoup plus importante.

Il ne s’agit pas seulement de porter un masque pour sa propre protection, mais d’en porter un parce qu’il protège également les autres en réduisant la quantité du virus dans l’air, d’autant que de nombreuses personnes ne se rendent pas compte qu’elles sont contagieuses.

Nous faisons appel au bon jugement des gens pour qu’ils portent un masque dans les lieux achalandés et se fassent vacciner avec la troisième dose ou la quatrième dose, si nécessaire », déclare la Pre Otto, ajoutant que les entreprises pourraient également aider en proposant des journées de magasinage sécuritaire durant lesquelles les clients savent que tous les clients porteront un masque et en investissant dans de meilleurs systèmes de ventilation pour protéger les clients.

Consulter la modélisation réalisée par la Pre Caroline Colijn, adjointe du pilier Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs (CAMEO) du réseau CoVaRR-Net, qui illustre l’augmentation estimée des infections dues au BA.2 avec et sans mesures de santé publique.

Sources

  1. Agence de la santé publique du Canada. https://sante-infobase.canada.ca/covid-19/resume-epidemiologique-cas-covid-19.html
  2. Agence de la santé publique du Canada. Vaccination contre la COVID-19 au Canada – Canada.ca https://health-infobase.canada.ca/covid-19/vaccination-coverage/?msclkid=0aa63390b44a11ec9255c796d36943f9
  3. Agence de la santé publique du Canada. Vaccination contre la COVID-19 au Canada – Canada.ca https://health-infobase.canada.ca/covid-19/vaccination-coverage/?msclkid=0aa63390b44a11ec9255c796d36943f9
  4. Agence de la santé publique du Canada. https://sante-infobase.canada.ca/covid-19/resume-epidemiologique-cas-covid-19.html

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