Voici le rapport final du réseau CoVaRR-Net, dont le mandat se termine le 31 mars 2025 après quatre années de fonctionnement. Nous y résumons les réussites du réseau, son impact, son héritage et les leçons tirées.

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L’approche adoptée par le réseau CoVaRR-Net pour gérer son réseau de recherche permet de tirer quelques leçons importantes sur la manière d’instaurer des collaborations efficaces, que ce soit en « temps de paix » ou en cas de crise de santé publique. Le succès du réseau peut être attribué à quelques stratégies clés qui le distinguent réellement des modèles de recherche traditionnels. Voici les dix principales leçons tirées :

1. Rationaliser la prise de décision

L’un des principaux atouts du réseau CoVaRR-Net est son comité exécutif (CE) restreint et ciblé, composé de 15 membres, qui prend des décisions consensuelles de manière rapide et efficace. Cette structure agile a permis d’éviter les retards souvent observés dans les organisations plus grandes et plus bureaucratiques. La CE a été en mesure d’examiner rapidement les propositions de recherche et d’allouer des fonds, ce qui a permis aux projets urgents d’avancer sans retards inutiles. Cette rapidité était essentielle pour maintenir la dynamique dans un environnement pandémique en évolution rapide.

2. Mobilisation rapide des ressources

Le réseau CoVaRR-Net a démontré l’importance de déployer rapidement des fonds et des ressources de recherche. En exigeant des propositions de recherche concises de deux pages et en mettant en place un processus d’examen interne accéléré, le réseau a permis aux chercheurs de démarrer leurs projets sans délai. Ce processus rationalisé a permis à de la recherche vitale de commencer immédiatement, sans sacrifier la rigueur scientifique.

3. Favoriser la recherche interdisciplinaire

Le succès du réseau est dû en grande partie à l’accent mis sur la collaboration interdisciplinaire. Le réseau CoVaRR-Net a réuni des experts de 130 domaines, dont la virologie, l’immunologie, les sciences sociales, la science des données, la santé publique et la recherche sur les systèmes de santé, afin d’aborder les problèmes sous des angles multiples. Cette expertise collective, comprenant des experts de 24 universités et de 24 autres grandes institutions, a permis au réseau de s’attaquer à des problèmes de santé publique complexes de manière plus globale, en proposant des solutions qui auraient pu échapper à des approches plus cloisonnées. L’une des principales leçons tirées est que les futurs réseaux devraient inclure divers experts issus d’autres domaines que la biomédecine.

4. Recruter des chercheurs de haut niveau avec un esprit de collaboration

Le réseau CoVaRR-Net s’est efforcé de réunir des chercheurs possédant non seulement une expertise, mais aussi un esprit de collaboration. Il en est résulté un environnement où les experts ont volontiers partagé leurs ressources, leurs données et leurs points de vue. Cette approche a permis de minimiser la concurrence et de maximiser l’impact collectif du réseau.

5. Mettre l’accent sur les chercheurs canadiens le contexte canadien et les meilleures pratiques d’EDIIA

L’une des caractéristiques du réseau CoVaRR-Net est qu’il s’attache à relever les défis uniques du Canada en matière de santé publique. En tirant parti de l’expertise de chercheurs locaux familiers avec le contexte canadien, le réseau CoVaRR-Net a fourni rapidement des informations exploitables aux autorités de santé publique canadiennes ainsi qu’au public canadien, évitant ainsi de s’appuyer sur des données moins applicables provenant d’autres pays. Cette orientation nationale a renforcé la cohésion du réseau et son sentiment d’appartenance collective.

Le réseau a également mis l’accent sur l’intégration des meilleures pratiques en matière d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) par l’intermédiaire de son équipe Équité, diversité, inclusion et identité autochtone (EDIIA) et du pilier 7 CIEDAR (Mobilisation, développement et recherche autochtones) du réseau CoVaRR-Net. Leur participation proactive a permis de s’assurer que les besoins des communautés marginalisées, y compris les peuples autochtones, étaient pris en compte dans la conception de la recherche. Leur travail, qui consiste à guider les scientifiques pour qu’ils appliquent la notion d’équité en santé à la recherche, sert de modèle, non seulement pour les futures crises de santé publique, mais aussi pour la recherche de routine en santé au Canada et ailleurs.

6. Établir des relations solides avec le gouvernement

L’étroite collaboration du réseau CoVaRR-Net avec Santé Canada, l’Agence de santé publique du Canada et le Laboratoire national de microbiologie, entre autres institutions de santé publique, ont contribué à son succès. Ces partenariats continus ont facilité le partage des connaissances et des données, en veillant à ce que la recherche s’aligne sur les priorités de santé publique les plus importantes. En instaurant de la confiance et en maintenant la communication ouverte, le réseau a contribué à renforcer le lien entre le monde universitaire et le gouvernement. Cela a permis non seulement de garantir que la recherche contribue à orienter les décisions politiques, mais aussi de maintenir les chercheurs en phase avec les besoins immédiats des responsables de la santé publique. En conséquence, la recherche a eu un impact réel sur la réponse du Canada à la pandémie.

7. Relever les défis liés au partage des données

Le partage des données est l’un des défis les plus importants auxquels sont confrontés tous les chercheurs en santé au Canada, y compris ceux du réseau CoVaRR-Net. Conscient de cette situation, la Plateforme de données et la Biobanque de CoVaRR-Net ont mis en place, avec l’aide de leur équipe de bioéthique, l’accord universel de transfert de données et de matériel biologique (Universal Data and Biological Materials Transfer Agreement, UDBMTA), qui constitue un outil essentiel pour faciliter l’échange de données et de réactifs entre les membres du réseau. Cependant, il est encore nécessaire d’instaurer des politiques nationales qui facilitent le partage des données entre les juridictions, en particulier lors des urgences sanitaires. Un cadre rationalisé pour le partage des données permettrait d’accélérer la recherche lors des crises futures.

8. Maintenir l’infrastructure de santé publique

Le réseau CoVaRR-Net a mis sur pied une importante infrastructure logistique de recherche qui a non seulement soutenu la réponse à la crise de la COVID-19, mais qui pourrait également être utilisée lors de futures crises de santé publique. Par exemple, le réseau a créé la Biobanque, la Plateforme de données et la Bioéthique de CoVaRR-Net, le CAMEO (Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs), le CCABL3 (Consortium canadien des laboratoires universitaires de biosécurité de niveau 3), Services de laboratoire central, CIEDAR et le GRSEU (Groupe de recherche sur la surveillance des eaux usées), qui ont tous nécessité des années à mettre sur pied. La poursuite du financement de ces projets d’infrastructures essentielles est indispensable pour garantir qu’ils restent opérationnels, qu’ils continuent à faire progresser les priorités de la recherche en santé au Canada et qu’ils soient prêts à répondre aux futures menaces sanitaires.

9. Mettre en œuvre des modèles de financement souples et à long terme

Les modèles actuels de financement à court terme, caractérisés par des cycles budgétaires annuels, sont préjudiciables à la réussite et à la durabilité des projets de recherche à grande échelle. Cette approche est particulièrement problématique pour les initiatives nécessitant une innovation technologique importante, la mise en place d’infrastructures et la rétention d’un personnel hautement qualifié. Les cycles de financement à court terme créent de l’incertitude, perturbent la planification stratégique à long terme et risquent d’entraîner la perte de compétences essentielles.

L’adoption de périodes de financement prolongées de trois à cinq ans, accompagnées d’allocations financières accrues, est indispensable pour favoriser une recherche ambitieuse et transformatrice. Ces modèles de financement souples et à long terme offrent aux chercheurs prévisibilité et stabilité, ce qui leur permet de planifier stratégiquement des projets complexes, d’attirer et de retenir du personnel qualifié et d’investir dans des avancées technologiques essentielles. De plus, un financement durable et fiable renforce la résilience des projets, ce qui leur permet de mieux faire face à des crises ou à des défis imprévus. En fin de compte, la transition vers des cadres de financement à plus long terme renforce les écosystèmes de recherche, favorise l’innovation et apporte des avantages sociétaux durables.

10. S’attaquer aux obstacles administratifs

Même avec des ressources universitaires préexistantes, le réseau CoVaRR-Net a rencontré des difficultés administratives telles que la lenteur du traitement des contrats et des retards dans les approbations des comités d’éthique de la recherche (CER). Pour améliorer l’efficacité et la réactivité lors de futures crises sanitaires, les réseaux de recherche doivent rationaliser les procédures administratives de manière proactive. La garantie d’un flux rapide et efficace de fonds, de données et de matériel permettra une mobilisation rapide et des processus opérationnels plus fluides, ce qui améliorera considérablement l’état de préparation et l’efficacité de la gestion des nouvelles demandes de recherche.

En conclusion

L’approche couronnée de succès du réseau CoVaRR-Net en matière de recherche pendant la pandémie constitue un modèle pour la gestion des futures crises de santé publique. En mettant l’accent sur la rapidité de la prise de décision, la collaboration entre les disciplines et la mobilisation rapide des ressources, le réseau a montré qu’une recherche efficace peut être menée rapidement et efficacement lorsqu’elle

est soutenue par des systèmes appropriés. Le renforcement des liens entre les chercheurs, les gouvernements et le public est essentiel pour maintenir la résilience scientifique et garantir des réponses rapides et efficaces aux futures urgences sanitaires.