Rapport final
Le financement du réseau CoVaRR-Net a pris fin le 31 mars 2025, après quatre années de travail intense, de nombreux succès, d’un impact impressionnant et d’un héritage qui influencera positivement la recherche en santé au Canada pour les générations à venir.
Ce rapport vise à mettre en lumière les réussites, les effets, les héritages et les enseignements tirés des 13 unités du réseau CoVaRR-Net, ainsi que les avantages qu’un tel réseau a apportés au paysage de la santé publique au Canada.
Après avoir présenté le réseau CoVaRR-Net et souligné ses principales réussites, le rapport est divisé par unité du réseau CoVaRR-Net et donne ensuite un aperçu des différents projets de recherche financés avant de se terminer par une conclusion et une liste d’enseignements généraux à prendre en considération. Plusieurs annexes suivent, offrant de nombreux détails.
Au nom de tous les membres du réseau CoVaRR-Net, nous tenons à exprimer notre sincère gratitude à l’organisation qui nous a financé, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), qui a renouvelé notre financement à deux reprises, ainsi qu’à nos partenaires gouvernementaux, anciens et actuels, à Santé Canada, à l’Agence de santé publique du Canada (ASPC), au Laboratoire national de microbiologie de l’ASPC, à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), à Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISED) et à Génome Canada, pour leur soutien, leur confiance et leur collaboration.
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Résumé du rapport final
Le réseau CoVaRR-Net (Coronavirus Variants Rapid Response Network, c’est-à-dire le Réseau de réponse rapide aux variants du coronavirus) a été créé en mars 2021 pour soutenir la réponse du Canada à la pandémie de SRAS-CoV-2 en cours d’évolution. Financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le réseau CoVaRR-Net a rapidement mobilisé l’expertise de tout le pays, ce qui a permis de produire une recherche à fort impact, de soutenir la prise de décision en temps réel en santé publique et de jeter les bases d’un Canada résilient et prêt à faire face à une pandémie. Au cours de ses quatre années d’existence, le réseau CoVaRR-Net a surmonté les limites traditionnelles de la recherche en silos, en favorisant la collaboration multidisciplinaire et en créant une infrastructure nationale durable pour la recherche sur les maladies infectieuses. Malgré son succès inédit, le réseau a dû cesser ses activités le 31 mars 2025, à la suite de l’arrêt du financement.
Principales réalisations
Le réseau CoVaRR-Net a établi un réseau national de recherche universitaire sans précédent, intégrant des experts de premier plan reconnus dans 130 domaines d’expertise de 24 universités (y compris toutes les institutions U15) et 24 grandes institutions. En s’attaquant aux problèmes scientifiques et de santé publique les plus urgents posés par les variants du SRAS-CoV-2, le réseau CoVaRR-Net a fourni aux décideurs politiques, aux professionnels de la santé et au public des orientations précieuses et fondées sur des données probantes. Les dix piliers de recherche et les cinq initiatives majeures du réseau se concentrent sur divers aspects de la réponse de la recherche sur la pandémie, allant de la virologie et de la génomique à la santé publique et à la participation des Autochtones.
Excellence scientifique et recherche à fort impact
- Collaborations innovantes :Le réseau CoVaRR-Net a démantelé les silos de la recherche, en favorisant la collaboration interdisciplinaire entre les experts en virologie, en immunologie, en épidémiologie, en bioinformatique, en santé publique, en sciences sociales et en recherche sur la santé des populations autochtones, entre autres.
- Publications et productivité scientifiques : Un nombre remarquable de 139 publications évaluées par des pairs, 12 préimpressions et 15 résultats de recherche supplémentaires ont façonné les politiques du Canada en ce qui a trait à la pandémie et le discours scientifique mondial sur les variants du SRAS-CoV-2, les vaccins et les stratégies de santé publique.
- Mobilisation des connaissances accélérée : Le cadre agile du réseau CoVaRR-Net a permis un partage des données en temps quasi réel grâce à des réunions avec les autorités de santé publique, à son site Web, à ses plateformes de médias sociaux, à son bulletin d’information et à des entrevues avec les médias (le réseau CoVaRR-Net a été le principal sujet ou a été mentionné dans 1 995 articles de presse entre 2021 et le 15 janvier 2025). Cette importante mobilisation des connaissances a permis de faire en sorte que les résultats de recherches essentielles soient rapidement communiqués au gouvernement, à la communauté scientifique et au public, et qu’ils soient intégrés dans les mesures de santé publique.
Infrastructure et renforcement des capacités
- Création du seul réseau national de biobanques au Canada : La Biobanque et plateforme de données du réseau CoVaRR-Net, soutenues par l’équipe de bioéthique du réseau, ont créé une métabase intégrant les données d’inventaire de 15 biobanques partout au pays, mis en œuvre des mécanismes préétablis pour le transfert de matériel et de données, utilisé des protocoles d’éthique de recherche rigoureux et uniformisé les pratiques. En continuant sous le nom de l’Alliance des biobanques canadiennes, dans l’attente d’un financement, cette initiative majeure est bien placée pour fonctionner comme la seule entité de biobanque agnostique de pathogènes au Canada, prête à s’adapter aux pathogènes nouveaux et réémergents.
- Variants identifiés à l’aide de nouveaux modèles et de nouvelles prédictions : L’initiative Computational Analysis, Modelling, and Evolutionary Outcomes ou Analyse computationnelle, modélisation et résultats évolutifs (CAMEO) était consacrée à l’utilisation de modélisations et de simulations informatiques avancées pour évaluer l’évolution génétique et la dynamique de propagation des variants du SRAS-CoV-2 au Canada. L’outil phare du groupe, Duotang, a été largement utilisé par les agences de santé publique, les journalistes et les personnes effectuant le suivi de variants à l’échelle internationale pour comprendre rapidement l’état actuel des données de séquençage du SRAS-CoV-2 au Canada, les lignées dominantes en circulation et leurs taux de croissance relatifs.
- Laboratoires coordonnés de biosécurité de niveau 3 au Canada : Le Consortium canadien des laboratoires universitaires de biosécurité de niveau 3 (CCABL3) a réuni pour la première fois des membres de toutes les universités U15 disposant de laboratoires de biosécurité de niveau 3 au Canada, ainsi que des responsables de l’Agence de santé publique du Canada. Il a entrepris un exercice indispensable de cartographie et de partage des ressources, amélioré les collaborations, normalisé les protocoles et affiné les modèles opérationnels BSL3 afin de renforcer la préparation du Canada face aux maladies infectieuses émergentes.
- Amélioration de l’infrastructure des tests sérologiques au Canada : Le réseau CoVaRR-Net a apporté un soutien direct à quatre laboratoires universitaires essentiels du Canada travaillant en étroite collaboration. Il s’agit notamment des deux seuls laboratoires universitaires de sérologie à haut débit du Canada, qui ont testé des millions d’échantillons pour des études à grande échelle sur les anticorps et l’efficacité des vaccins pendant la pandémie. Ces laboratoires, qui collaborent au sein des services de laboratoire central, ont la capacité d’assurer une préparation permanente et de servir de sentinelles pour les problèmes de santé publique actuels tels que la variole, le H5N1, le VRS et la grippe.
- Recherche de pointe sur la surveillance des eaux usées au Canada et dans le monde : Le réseau CoVaRR-Net a créé le Groupe de recherche sur la surveillance des eaux usées (GRSEU), qui a été à l’origine de méthodologies et d’infrastructures visant à renforcer la surveillance des eaux usées au Canada et dans le monde entier. Le GRSEU est reconnu comme un leader mondial dans le domaine de la surveillance des eaux usées et de l’environnement (SEUE), ce qui contribue à démontrer qu’il s’agit d’un élément indispensable d’une stratégie de santé publique solide, même en « temps de paix ».
Leadership en matière de santé publique et impact des politiques
- Partenariats stratégiques avec les pouvoirs publics et relations de confiance : Le réseau CoVaRR-Net a établi des relations inestimables avec des entités gouvernementales clés, notamment le Laboratoire national de microbiologie, Santé Canada, l’Agence de santé publique du Canada, Génome Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada. Ces liens étroits et cette communication ouverte ont favorisé la confiance, facilité un échange d’informations sans faille et renforcé la réponse coordonnée du Canada en cas de pandémie, en veillant à ce que les résultats critiques de la recherche se traduisent par des mesures de santé publique opportunes.
- Contact direct avec les décideurs : Le réseau CoVaRR-Net a fourni des informations scientifiques essentielles aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, influençant le déploiement des vaccins sur le site, les interventions de santé publique et les politiques de préparation en cas de pandémie.
- Caractérisation et suivi des variants en temps réel : Le réseau a joué un rôle essentiel dans l’identification, la caractérisation et le suivi des nouveaux variants du SRAS-CoV-2, en éclairant l’approche du Canada en matière de détection des variants, de contrôle de la transmission et d’évaluation des risques.
- Renforcement des collaborations de recherche à l’échelle mondiale : Le réseau CoVaRR-Net s’est associé à des institutions internationales, renforçant ainsi le leadership du Canada dans les efforts mondiaux de lutte contre la pandémie.
Leadership en matière d’équité, de diversité, d’inclusion et identité autochtone (EDIIA)
- Recherche et engagement communautaire dirigés par des Autochtones : Dans le cadre de son initiative majeure/pilier CIEDAR (Mobilisation, développement et recherche autochtones), le réseau CoVaRR-Net a mis au point des méthodes de recherche adaptées à la culture des communautés autochtones et des stratégies d’intervention en cas de pandémie dirigées par des Autochtones.
- Initiatives internes en matière d’EDIIA : L’équipe du réseau qui se consacre aux questions d’équité, de diversité, d’inclusion et d’identité autochtone (EDIIAI) a défendu des pratiques de recherche inclusives, favorisant une communauté scientifique plus diversifiée et plus équitable.
- Engagement à former la communauté des chercheurs : Le réseau CoVaRR-Net a intégré dans son cadre les principes de la recherche collaborative avec les communautés autochtones, garantissant ainsi des pratiques de recherche éthiques et respectueuses de la culture. À la fin du mois de mars 2025, 58 membres du réseau CoVaRR avaient suivi une formation sur les principes fondamentaux de PCAP® (propriété, contrôle, accès et possession). De plus, les équipes d’EDIIA et de CIEDAR du réseau CoVaRR-Net ont organisé des événements éducatifs axés sur l’équité, la diversité, l’inclusion, l’identité autochtone et l’équité en matière de santé, favorisant ainsi une communauté de recherche mieux informée et plus inclusive.
Excellence opérationnelle et stratégie de réponse rapide en recherche
Le réseau CoVaRR-Net a utilisé un modèle de financement et de déploiement de la recherche à réponse rapide :
- Cadre de recherche agile : Il a permis de définir rapidement les priorités en matière de recherche et d’accélérer les approbations et les transferts de fonds, réduisant les délais d’approbation de plusieurs mois à quelques jours seulement.
- Rapidité inégalée dans la réponse aux crises : L’approche souple du réseau a permis de répondre aux menaces émergentes pour la santé publique provenant de variants préoccupants par des recherches immédiates, bien justifiées et offrant des données probantes.
- Partage accéléré des données : L’initiative majeure de biobanque, de plateforme de données et de bioéthique du réseau a créé son propre accord universel de transfert de données et de matériel biologique (Universal Data and Biological Materials Transfer Agreement, UDBMTA), afin de permettre à plus de 30 institutions de recherche canadiennes participantes de collaborer efficacement et de partager des réactifs et des données de manière transparente.
Héritage et implications pour l’avenir
Le réseau CoVaRR-Net est un modèle à suivre et constitue un exemple clair de réseau de recherche universitaire multidisciplinaire efficace et à réponse rapide :
- Un modèle éprouvé pour les futures urgences sanitaires : Le cadre de collaboration et de réponse rapide du réseau crée un précédent pour la recherche nécessaire à l’atténuation des futures crises de santé publique.
- Un appel à l’investissement durable : La perte de financement entraînera le démantèlement de son infrastructure critique, soulignant le besoin urgent d’un soutien fédéral continu pour protéger la capacité et la résilience de la recherche au Canada et se prémunir contre les futures menaces pour la santé.
- Une influence durable sur la collaboration scientifique : Le succès du CoVaRR-Net souligne l’importance des réseaux nationaux de recherche interdisciplinaire pour relever les défis complexes de la santé mondiale.
Conclusion du résumé
Le réseau CoVaRR-Net était plus qu’une initiative de recherche universitaire sur les pandémies : il s’agissait d’une transformation révolutionnaire de l’approche du Canada en recherche sur les maladies infectieuses à réponse rapide et de préparation en matière de santé publique. En favorisant une collaboration scientifique sans précédent, en accélérant la recherche en temps réel pertinente pour les politiques et en créant des infrastructures de recherche essentielles, le réseau a renforcé la résilience du Canada face aux nouvelles menaces pour la santé. On ne saurait trop insister sur l’urgence de maintenir et de développer ces réseaux de recherche.
Alors que le Canada se tourne vers l’avenir, les enseignements et l’infrastructure mis en place par le réseau CoVaRR-Net constituent un modèle essentiel pour protéger la recherche en santé publique, renforcer la préparation à l’échelle nationale et veiller à ce que la dynamique scientifique acquise pendant la pandémie ne soit pas perdue. C’est maintenant qu’il faut investir dans l’avenir de la recherche au Canada.