Pilier 4
Génomique fonctionnelle et structure-fonction des variants préoccupants
Les patients immunodéprimés sont prédisposés aux symptômes graves de la COVID-19. Les receveurs de greffes d’organes sont généralement traités avec des immunosuppresseurs à vie qui peuvent altérer leurs réponses immunitaires aux agents pathogènes infectieux. De plus, les stratégies préventives telles que les doses de rappel sont moins immunogènes et le corps d’une personne immunodéprimée peut servir d’environnement favorable à la réplication du virus. Dans cette étude, les auteurs ont comparé les réponses immunitaires anticorps et à médiation cellulaire à Omicron BA.1 chez des patients ayant subi une greffe d’organe et présentant un éventail de types de transplantation, de régimes de médicaments immunosuppresseurs et de guérisons d’infections par le SRAS-CoV-2. Quatre cohortes de participants à l’étude ont été recrutées par l’équipe clinique : des greffés infectés par le variant Omicron BA.1, des greffés infectés par un variant non Omicron, des greffés non infectés ayant reçu trois doses de vaccin ARNm-1273 (Moderna) et des travailleurs de la santé non infectés ayant reçu trois doses de vaccin BNT162b2 (Pfizer). Le sang a été prélevé de un à trois mois après l’apparition des symptômes ou la troisième dose de vaccin. Le sérum a été utilisé pour les tests d’anticorps en aval, tandis que les globules blancs ont été prélevés pour des expériences sur les lymphocytes T.
Les chercheurs de cette étude ont effectué des tests de neutralisation spécifiques au variant D614G et aux variants Omicron-BA.1, -BA.2 et Delta pour mesurer la capacité des anticorps circulants à empêcher l’entrée du variant viral dans les cellules. Dans ces dosages, des particules de type viral (PTV) synthétiques avec des protéines de spicule provenant de variants préoccupants et d’échantillons de sérum contenant des anticorps ont été incubées avec des cellules cultivées en laboratoire. Les chercheurs ont observé que les échantillons provenant de receveurs de greffes partiellement ou totalement vaccinés et infectés par Omicron-BA.1 présentaient des niveaux d’anticorps neutralisants BA.1 plus élevés, avec la capacité de neutraliser de manière croisée BA.2, par rapport aux échantillons provenant de receveurs infectés par des variants non Omicron.
La capacité des lymphocytes T à répondre à la stimulation par Omicron-BA.1 et des spicules ancestraux a également été mesurée. Dans ces expériences, des fragments de protéines de spicule (contenant des mutations) ont été présentés aux lymphocytes T, qui ont ensuite pu mûrir, et la capacité des lymphocytes T à produire des facteurs immunitaires a été mesurée comme indicateur d’une réponse immunitaire fonctionnelle. Les greffés infectés par Omicron-BA.1 ont présenté les réponses des lymphocytes T spécifiques de BA.1 les plus importantes par rapport aux autres cohortes, à des niveaux comparables à ceux des travailleurs de la santé triplement vaccinés.
En résumé, cette étude a montré que les patients greffés non vaccinés ayant déjà été infectés par le SRAS-CoV-2 sans Omicron, ou les patients vaccinés avec trois doses de vaccin à ARNm, peuvent être exposés à un risque d’infection symptomatique ou grave par Omicron, en raison de leurs réponses plus faibles en anticorps et en lymphocytes T contre Omicron BA.1. En revanche, les greffés partiellement ou totalement vaccinés qui ont guéri d’une infection par Omicron-BA.1 ont développé de puissants anticorps neutralisants et des réponses des lymphocytes T, d’une ampleur similaire à celle des témoins immunocompétents triplement vaccinés. Il s’agit notamment de réactions croisées d’anticorps contre le BA.2. Cela suggère que le risque de réinfection et de maladie grave peut être comparativement réduit dans ce sous-groupe.
Homotypic and heterotypic immune responses to Omicron variant in immunocompromised patients in diverse clinical settings. Victor H. Ferreira, Javier T. Solera, Queenie Hu, Victoria G. Hall, Berta G. Arbol, W. Rod Hardy, Reuben Samson, Tina Marinelli, Matthew Ierullo, Avneet Kaur Virk, Alexandra Kurtesi, Faranak Mavandadnejad, Beata Majchrzak-Kita, Vathany Kulasingam, Anne-Claude Gingras, Deepali Kumar, Atul Humar. Nature Communications. 2022. 08.04.32235; https://www.nature.com/articles/s41467-022-32235-x