9 janvier 2023 – Des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) ont identifié trois composés dérivés de sources naturelles, dont une éponge marine de la Colombie-Britannique, qui empêchent l’infection par la COVID-19 dans des cellules humaines.
Cette découverte ouvre la voie à la mise au point de nouveaux médicaments contre des variants de la COVID-19 à partir de sources naturelles. Et étant donné l’abondance de la nature, il pourrait y avoir une multitude de nouveaux antiviraux qui attendent d’être découverts.
Dans une étude récente, une équipe internationale de chercheurs dirigée par des scientifiques de l’UBC a examiné un catalogue de plus de 350 composés dérivés de sources naturelles, notamment des plantes, des champignons et des éponges marines, dans le but de trouver de nouveaux médicaments antiviraux pouvant être utilisés pour traiter des variants de la COVID-19 tels qu’Omicron. « Cette équipe de recherche interdisciplinaire dévoile un éventail de possibilités provenant de la biodiversité et des ressources naturelles et découvre des solutions basées sur la nature pour des enjeux sanitaires mondiaux tels que la COVID-19 », a déclaré l’auteur principal, le Pr François Jean, professeur agrégé au Département de microbiologie et d’immunologie.
En faisant baigner des cellules pulmonaires humaines dans des solutions préparées à l’aide de ces composés, puis en infectant les cellules avec le SRAS-CoV-2, les chercheurs ont trouvé 26 composés qui réduisaient complètement l’infection virale dans les cellules. Trois d’entre eux étaient efficaces à très faible dose. « L’avantage de ces composés est qu’ils ciblent les cellules, plutôt que le virus, en empêchant ce dernier de se répliquer et en aidant la cellule à se rétablir », a déclaré la co-première auteure, la chercheuse Jimena Pérez-Vargas, associée de recherche au Département de microbiologie et d’immunologie. « Les cellules humaines évoluent plus lentement que les virus, donc ces composés pourraient fonctionner contre de futurs variants et d’autres virus comme la grippe s’ils utilisent les mêmes mécanismes ».
Les chercheurs ont utilisé une version du virus SRAS-CoV-2 qui fait briller les cellules en vert fluorescent lorsqu’elles sont infectées, ainsi qu’une technique de criblage spéciale, pour identifier les 26 principaux composés naturels qui ont montré une inhibition de l’infection par la COVID-19 avec de faibles dommages cellulaires. Le virus fluorescent est un outil puissant, a déclaré le coauteur, le Pr Tirosh Shapira, chercheur postdoctoral à la Faculté de médecine. « Grâce à lui, les étapes laborieuses de l’expérimentation deviennent superflues et nous pouvons vérifier facilement et rapidement des milliers de composés. Plus important encore, il nous permet de suivre le SRAS-CoV-2 pendant qu’il se propage d’une cellule à l’autre. »
Composés canadiens
Les trois composés les plus efficaces ont été trouvés au Canada : l’alotacétal C provenant d’une éponge de mer recueillie à Howe Sound, en Colombie-Britannique, la bafilomycine D provenant d’une bactérie marine recueillie à Barkley Sound, en Colombie-Britannique, et la holyrine A provenant d’une bactérie marine recueillie dans les eaux de Terre-Neuve.
« Nous recueillons des échantillons depuis 40 ans dans le monde entier, mais il se trouve que ces trois composés sont canadiens et que deux d’entre eux proviennent de la Colombie-Britannique », a déclaré le coauteur, Raymond Andersen, professeur au Département de chimie.
D’autres tests ont montré que les trois composés étaient efficaces contre le variant Delta et plusieurs variants d’Omicron, et qu’ils sont à peu près aussi sûrs pour les cellules humaines que les traitements actuels contre la COVID-19. Plusieurs de ces traitements ne sont plus efficaces contre les variants d’Omicron actuellement en circulation, car le virus évolue. Cela souligne le besoin de nouveaux antiviraux, a déclaré le Pr Jean.
Agir de concert avec d’autres antiviraux
Les chercheurs ont étudié l’efficacité du composé bafilomycine D lorsqu’il est utilisé conjointement avec un antiviral contre la COVID-19 récemment découvert, la molécule N-0385. Ils ont constaté que le composé et la molécule agissaient en synergie contre le sous-variant d’Omicron BA.2. Cela suggère un point de départ prometteur pour le développement de polypharmacothérapies contre des variants d’Omicron qui sont efficaces pour traiter la COVID-19 et d’autres virus, a déclaré le Pr Jean.
Les chercheurs prévoient de tester les composés sur des modèles animaux au cours des six prochains mois. « Notre recherche ouvre également la voie à des essais à grande échelle de produits naturels pouvant bloquer l’infection associée à d’autres virus respiratoires très préoccupants au Canada et dans le monde, comme la grippe A et le VRS », a déclaré le Pr Jean.
Cette recherche a été financée par le Réseau de réponse rapide aux variants de coronavirus (Coronavirus Variants Rapid Response Network), les Instituts de recherche en santé du Canada, Genome BC, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et Mitacs. Le Pr.Jean est responsable du Pilier 10 (Stratégies et thérapeutiques antivirales) du réseau CoVaRR-Net.
Langue(s) d’entrevue : Anglais (Pérez-Vargas, Jean, Andersen), Français (Jean)
Des images et une vidéo sont disponibles pour les médias ici : www.bit.ly/COVIDSeaSponge
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