Pilier 1
Immunologie et protection vaccinale
La protection vaccinale diminue avec le temps, ce qui nécessite des doses de rappel saisonnières pour la grippe et maintenant aussi pour le SRAS-CoV-2. Dans cette étude, l’objectif était d’évaluer comment les réponses immunitaires au SARS-CoV-2 sont modulées par des doses de rappel par rapport à une infection postvaccinale. De fin 2021 à début 2022, l’émergence du variant Omicron et les infections postvaccinales qui ont suivi ont coïncidé avec le déploiement des doses de rappel dans les provinces de l’Ontario et du Québec, ce qui a permis de comparer les voies d’exposition. Les réponses immunitaires ont été comparées dans deux cohortes d’adultes. Les participants de la cohorte RECOVER ont été infectés par le SRAS-CoV-2 au début de la pandémie, avant d’être vaccinés, tandis que les participants de la cohorte CoVaRR-Net n’avaient jamais été infectés avant la vaccination. L’objectif principal était de comprendre les différences d’immunité après différents événements d’exposition parmi ces quatre groupes (RECOVER avec dose de rappel contre RECOVER avec infection postvaccinale et CoVaRR-Net avec dose de rappel contre CoVaRR-Net avec infection postvaccinale). Les réponses immunitaires humorales (anticorps) contre le SRAS-CoV-2 ont été mesurées dans le sang et la salive. La fonction des globules blancs (plus spécifiquement des lymphocytes T) a également été évaluée dans le sang en mesurant un sous-produit des lymphocytes T activés (interféron gamma).
Nos résultats montrent que l’infection postvaccinale par Omicron :
- A déclenché des réponses anticorps dans le sang plus fortes et plus largement efficaces que la seule vaccination chez les personnes qui n’avaient pas été infectées auparavant.
- A renforcé des réponses des lymphocytes T, même chez les personnes qui avaient été infectées par le SRAS-CoV-2 avant le déploiement des vaccins.
- A provoqué une augmentation des niveaux d’anticorps salivaires qui reconnaissent le SRAS-CoV-2, les variants du SARS-CoV-2 et le SRAS-CoV-1, un bétacoronavirus distinct.
Dans l’ensemble, ces résultats indiquent qu’il existe un degré supplémentaire de réactivité croisée dans les anticorps des personnes ayant subi une infection postvaccinale par Omicron. Cette réactivité croisée accrue permet la reconnaissance d’un bétacoronavirus distinct et suggère que l’immunité hybride induit une production d’anticorps plus robuste et plus large. Par conséquent, il peut être particulièrement avantageux d’envisager plusieurs voies d’exposition à l’antigène dans le cadre d’une stratégie vaccinale afin de soutenir des réponses immunitaires robustes aux variants évolutifs du SRAS-CoV-2 et à d’autres menaces pathogènes similaires. En effet, cette étude met en évidence les avantages potentiels des vaccins muqueux contre le SRAS-CoV-2 qui seraient administrés par l’entremise des surfaces muqueuses de la bouche et de la cavité nasale (qui sont les premiers sites de rencontre avec le virus). Cette stratégie pourrait permettre de reproduire les avantages de l’exposition virale sans exposer les individus aux risques associés à l’infection par le SRAS-CoV-2.
Comparison of Omicron breakthrough infection versus monovalent SARS-CoV-2 intramuscular booster reveals differences in mucosal and systemic humoral immunity. Sabryna Nantel, Salma Sheikh-Mohamed, Gary Y. C. Chao, Alexandra Kurtesi, Queenie Hu, Heidi Wood, Karen Colwill, Zhijie Li, Ying Liu, Laurie Seifried, Benoîte Bourdin, Allison McGeer, William R. Hardy, Olga L. Rojas, Tho-Alfakar Al-Aubodah, Zhiyang Liu, Mario A. Ostrowski, Mark A. Brockman, Ciriaco A. Piccirillo, Caroline Quach, James M. Rini, Anne Claude Gingras, Hélène Decaluwe, Jennifer L. Gommerman. Mucosal Immunology. 2024.02.10.00004-7; https://www.mucosalimmunology.org/article/S1933-0219(24)00004-7/fulltext