Une initiative de l’étude financée : Profilage en temps réel des VP pour comprendre leur impact sur la propagation, la gravité de la maladie et la réponse au traitement

Des scientifiques, dont certains ici au Canada, contribuent à la mise au point de médicaments en vaporisateur nasal qui protégeraient contre de nombreux variants de la COVID-19. Une équipe de recherche financée par le réseau CoVaRR-Net, dirigée par le Pr François Jean, chef du Pilier 10 du réseau CoVaRR-Net, et comprenant les chercheurs Andrea Olmstead, Ivan Robert Nabi et Guang Gao de l’Université de Colombie-Britannique (UBC), a publié des résultats récents dans Nature, découvrant une nouvelle molécule qui pourrait accélérer la mise au point de ces vaporisateurs nasaux. Leurs découvertes ont été faites en collaboration avec le professeur agrégé Hector Aguilar-Carreno de l’Université Cornell et les professeurs Richard Leduc, Éric Marsault, Pierre-Luc Boudreault et leur équipe à l’Université de Sherbrooke.

L’étude s’articule autour d’une nouvelle molécule prometteuse appelée N-0385, dont il a été démontré qu’elle empêche le virus SRAS-CoV-2 de pénétrer dans les cellules humaines par ses portes d’entrée privilégiées et semble offrir une protection contre les maladies graves et le décès. Le manuscrit décrit comment quelques doses uniques quotidiennes de N-0385, administrées par voie nasale, ont considérablement amélioré les résultats cliniques et la survie de souris génétiquement modifiées infectées par le SRAS-CoV-2, sans effets toxiques détectables. La protection a également été démontrée sur des cellules pulmonaires humaines de culture et des organoïdes (modèles d’infection quasi humains).

L’équipe du Pr Jean à la Facility for Infectious Disease and Epidemic Research (FINDER) de l’Université de la Colombie-Britannique a testé quatre variants préoccupants (VP), à savoir Alpha, Beta, Gamma et Delta, sur des cellules pulmonaires humaines et des organoïdes – des cultures de tissus qui peuvent imiter l’organe dont ils proviennent – et a découvert que le N-0385 inhibe toutes les infections par des VP du SRAS-CoV-2, sans aucun signe de toxicité. L’étude a été menée avant la découverte du variant Omicron.

Le résultat semble être l’inhibiteur de pénétration le plus efficace à ce jour, le N-0385 – mis au point par l’équipe de l’Université de Sherbrooke – bloquant une enzyme clé, la TMPRSS2. Cette enzyme est responsable de la coupure et de l’amorçage de la protéine virale afin qu’elle puisse se fixer et fusionner avec la membrane de la cellule hôte, et libérer le matériel génétique du virus.

Les images capturées sur l’écran du microscope confocal (UBC LSI Imaging Facility) sont les dernières images des cellules pulmonaires infectées par le variant Omicron du SRAS-CoV-2, réalisées par le laboratoire du Pr Jean à l’UBC.

L’étude démontre également que le N-0385 offre une large protection contre l’infection et la mortalité chez les souris, et l’équipe du Pr Aguilar-Carreno a indiqué que le N-0385 a le potentiel d’être une option de traitement précoce viable contre les variants préoccupants émergents du SRAS-CoV-2.

« Mon équipe a récemment démontré que le N-0385 est également très efficace pour bloquer les infections du variant Omicron dans les cellules pulmonaires humaines. Nos résultats non publiés sont encourageants au vu de la propagation rapide actuelle du sous-variant Omicron BA.2 dans le monde », explique le Pr Jean.

Les travaux en cours de l’équipe du Pr Jean à l’UBC détermineront si le N-0385 peut éventuellement agir en synergie lorsqu’il est utilisé conjointement avec des antiviraux récemment approuvés par la FDA pour l’infection par le SRAS-CoV-2, comme le Remdesivir, le Paxlovid et le Molnupiravir, afin de réduire le risque de mutations de résistance aux antiviraux

« Le N-0385 représente un ajout potentiel important à notre arsenal dans la lutte contre la COVID-19, en particulier grâce à sa remarquable activité antivirale à large spectre contre tous les variants préoccupants du SRAS-CoV-2 , passés et présents, qui ont été testés jusqu’à présent dans mon laboratoire à l’UBC », ajoute-t-il.

Le Pr Jean, qui a dirigé l’étude, est professeur de virologie au Département de microbiologie et d’immunologie d’UBC et responsable du Pillier 10 (Stratégies et thérapeutiques antivirales) du réseau CoVaRR-Net. Les études du Pr Jean sur le SRAS-CoV-2 sont réalisées à l’installation UBC FINDER, l’une des plus grandes installations universitaires de niveau de confinement 3 (CL-3) au monde, qu’il a fondée en 2010.

Shapira, T., Monreal, I.A., Dion, S.P. et alA TMPRSS2 inhibitor acts as a pan-SARS-CoV-2 prophylactic and therapeutic. Nature (2022). https://doi.org/10.1038/s41586-022-04661-w