Ceci fait partie d’une série continue de recommandations émises par CoVaRR-Net. Ces recommandations s’adressent au sous-ministre fédéral de la santé, aux médecins hygiénistes locaux et provinciaux, au Réseau pour la santé publique urbain, au groupe d’experts sur les variants préoccupants et aux responsables de la santé publique.
Le contexte actuel de la pandémie de COVID-19 est très changeant. Certaines de ces recommandations pourraient bientôt être désuètes.
Résumé
Compte tenu de la proéminence et de la transmissibilité du variant Omicron, les autorités canadiennes recommandent maintenant l’utilisation des tests antigéniques rapides (TAR) à domicile pendant la pandémie de COVID-19 pour le contrôle des infections et la gestion des éclosions. Compte tenu des limites de capacité des tests PCRL’« étalon de référence » de la détection du SRAS-CoV-2, il est administré dans une clinique ou un hôpital, à l’aide d’un écouvillonnage du nez ou de la gorge, ou d’un gargarisme et d’un crachat dans de nombreuses provinces, les tests antigéniques rapides sont désormais un outil nécessaire pour identifier rapidement les cas positifs et limiter la transmission ultérieure.
Limites
Cette approche présente toutefois des limites, notamment le fait que la surveillance de la santé publique soit compromise, la sous-estimation des cas et des taux, ainsi que l’impossibilité d’obtenir des spécimens positifs pour le séquençage des gènes et donc de surveiller l’émergence de nouveaux variants.
À l’heure actuelle, les autorités fédérales et provinciales du Canada ne disposent pas d’une base de données permettant au public de déclarer les résultats des TAR. L’utilisation des TAR comme outil de dépistage et de diagnostic sans qu’il soit nécessaire de déclarer officiellement les résultats (positifs) des tests aux responsables de la santé publique fausse le nombre de cas cliniques et de santé publique.
Les inégalités socio-économiques constituent également un défi de taille. L’utilisation de tests a été plus faible et les taux d’infection plus élevés dans les milieux socio-économiques défavorisés, dans les milieux disposant de moins de ressources numériques ou d’un niveau moindre de culture numérique et parmi les groupes ethniques non blancs. Dans un certain nombre de provinces et de territoires, les TAR doivent être achetés, ce qui crée à la fois des obstacles financiers et des inégalités sociales et sanitaires.
L’utilisation appropriée des TAR
Des données probantes, à la fois empiriques et révélées dans une prépublication d’Afrique du Sud, montrent des discussions contradictoires en santé publique et en recherche concernant la meilleure façon d’utiliser les TAR. Faut-il les administrer avec des écouvillons oropharyngés (gorge) ou nasopharyngés (nez)?
Recommandations du réseau CoVaRR-Net
À l’échelle fédérale :
- Financer et acheter suffisamment de TAR pour que les provinces et territoires du Canada les distribuent afin que toutes les populations puissent y avoir accès gratuitement. Encourager les différentes administrations à fournir des TAR dans des lieux de rassemblement tels que les écoles, les bibliothèques publiques et les espaces appartenant à la ville.
- Financer, mettre sur pied et constituer une base de données pour enregistrer et diffuser des données pancanadiennes sur les résultats des TAR provinciaux.
- Financer des recherches rapides sur l’efficacité des TAR, en comparant les différentes façons de réaliser les tests, y compris ceux effectués avec des écouvillons oropharyngés (gorge) et nasopharyngés (nez). Publier des lignes directrices sur ces comparaisons par l’intermédiaire de l’Agence de santé publique du Canada ou de Santé Canada.
À l’échelle provinciale et territoriale :
- Veiller à ce que les TAR soient utilisés dans des contextes de haute prévalence de COVID-19 (c.-à.-d. des incidences moyennes quotidiennes sur sept jours de COVID-19 supérieures à 25 pour 100 000) . Les TAR peuvent être utilisés pour l’auto-dépistage et l’isolement lorsque les personnes présentent des symptômes ou soupçonnent une exposition, qu’elles terminent une période d’isolement ou qu’elles surveillent elles-mêmes leur statut infectieux.
- Dans la mesure du possible, et si les ressources le permettent, compléter les TAR par des tests rt-PCR. Les TAR pour l’autodiagnostic devrait être utilisés avec modération et s’accompagner de directives provinciales fermes, être distribuée équitablement et mis à la disposition des Canadiens marginalisés, et être utilisés conjointement à un solide programme de dépistage par rt-PCR, de recherche des contacts et de déclaration.
- Nous recommandons qu’un résultat positif au TAR nécessite une période d’isolement de sept jours ou une période de 48 heures sans symptômes (selon la période la plus longue) pour toutes les populations, en fonction du temps de génération (c.-à.-d. l’exposition à la résolution chez une personne) d’Omicron.
- Élaborer un mécanisme formel pour relier les résultats des tests à domicile aux unités de santé publique provinciales. Cela permettrait de s’assurer que les protocoles appropriés de recherche des contacts et d’isolement sont respectés et qu’un diagnostic est enregistré pour les applications de surveillance et de programme.
À l’échelle locale et régionale :
- Soutenir et recommander l’utilisation des TAR pour le dépistage asymptomatique dans les milieux à risque élevé suivants : les milieux de vie collectifs (c.-à.-d. refuges pour sans-abri), les lieux de soins à domicile et les services hospitaliers/d’urgence.